L'AVENTURE TEL AVIV
Née d'une loterie ... Nous sommes le 11 avril 1909, deuxième jour de Pessah. Arieh Akiva Weiss, président du comité de la loterie, a réuni 66 coquillages gris et 66 coquillages blancs. Il inscrit les noms des participants sur les coquillages blancs, et les numéros de parcelles sur les coquillages gris. Ainsi commence l’épopée de Tel Aviv. Classée au patrimoine mondial de l'Unesco pour son architecture Bauhaus et son style éclectique en 2003, on aimerait parfois que ses immeubles retrouvent aujourd'hui un peu de leur blancheur d'origine ... On l'appelle aussi la ville qui ne dort jamais, en référence aux nombreux bars et boîtes de nuit ouverts jusqu'au petit matin. Il faut dire que sa population est jeune, branchée, dynamique, sportive aussi. On marche ou on court sur le Tayelet, jolie promenade aménagée en bord de mer, on surfe dès que les vagues le permettent, on fait du kitesurf quand le vent forcit ... Pourquoi tous ces toits en tuiles ? Et bien parce que les colons appliquaient les techniques qu'ils connaissaient. Et comme ils venaient de tous les horizons, cela fait un ensemble parfois ... original ! - des bow windows ici - des arcs aux fenêtres par-là - des colonnes corinthiennes pourquoi pas Quand ces tendances se trouvent réunies sur une maison bien symétrique, on appelle ça le style "éclectique", né au début du XXe siècle. Quelques jolis exemples bordent le fameux boulevard Rothschild et les rues avoisinantes : Petite anecdote rigolote, on n'a pas le droit de couper un seul arbre ici. Les pionniers se sont donné tellement de mal pour dompter ces terres inhospitalières, à grand renfort de tuyaux d'irrigation et d'engrais divers ... Les habitants contournent donc le problème en construisant ... autour de l'arbre ! Si les maisons sont un peu tassées, c'est normal. Chacun a construit la sienne la plus grande possible, et tant pis pour le voisin. Maintenant, on peut voir de gigantesques immeubles pousser derrière de jolies maisons anciennes. C'est que depuis 15 ans, on a le droit de construire en hauteur, mais avec l'obligation de retaper le vieux bâti. Cela fait un mélange quelque peu anachronique. Mais cela amuse beaucoup Dahlia, qui n'est pas israélienne pour rien, et qui nous vante les charmes du WIN WIN cher à ce pays. A propos de Win win, le propriétaire de cet immeuble en avait bien compris les avantages. Les buildings ne devaient pas dépasser un certain nombre d'étages. Qu'à cela ne tienne, les premiers comptent double ! Pour votre culture, il s'agit de "la tour des dentistes Français" comme on l'appelle par ici ... ; )) On aperçoit encore de jolis kiosques, le plus ancien que voici date de 1915. Mon amie Viviane me racontait récemment qu'il servait à l'époque d'agent de change. On ne pouvait sortir de shekels du pays, on arrivait donc les poches remplies de billets et on s'arrangeait entre amis ! Mélange de styles, déjà retapés ou en cours de réfection, les bâtiments se suivent, mais ne se ressemblent pas du tout. Cet immeuble d'un orangé vivifiant, datant de 1924, ne comportait à l'époque qu'un seul étage. Il a été doublé lors de sa remise en état, et abrite maintenant un charmant restaurant : "Le Rendez-vous". Les urbanistes ont utilisé les lits des rivières pour tracer les premiers axes de la ville m'a-t-on dit. Le boulevard Rothschild est donc né dans le lit d'un cours d'eau qui se jetait dans la mer. Il est vrai que son tracé n'est pas franchement rectiligne. Mais avec son terre-plein central ombragé et ses restaurants branchés de part et d'autre, il fait bon s'y promener dans la fraîcheur du soir. Une maison emblématique à ne pas manquer sur ce boulevard, chère au cœur des israéliens, est celle où a été signée la déclaration d'indépendance de l'état d'Israël par Ben Gourion. Non pas qu'elle soit particulièrement jolie, elle ressemble plutôt à un blockhaus. Mais l'heure n'était pas à la recherche de style ... puisqu'une heure plus tard, le pays était attaqué de toutes parts. Pour votre culture, voici un immeuble de style Bauhaus, pour lequel cette ville est réputée. Il est situé dans le quartier Dizengoff, qui doit son nom au premier maire de Tel Aviv. Une courte définition : Formes radicalement simplifiées, rationalité et fonctionnalité, et idée selon laquelle la production de masse est conciliable avec l'esprit artistique individuel. Toits en terrasse, fenêtres en bandeau, les façades sont libres entre les poteaux de soutènement. L'horizontalité des lignes est là pour symboliquement casser la hiérarchie. Très subversif à l'époque ... Né en Allemagne au lendemain de la Première guerre mondiale, ce nouveau style se veut résolument moderne. En fuyant l'Allemagne nazie, ses concepteurs vont exporter leurs idées d'une radicale nouveauté à travers le monde. Tel Aviv, en plein essor, va bénéficier ainsi de 4000 bâtiments de ce style. Mais ce qui frappe le visiteur en arrivant, c'est plutôt la prolifération des tours, toujours plus nombreuses et toujours plus hautes ...
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Si vous avez une petite envie de danser ... Ces trois-là ont pas mal de succès aussi auprès des copines de Pauline : Pour ma part, j'ai un petit faible pour des mélodies plus méditatives, comme ces chants arabes chrétiens découverts lors du spectacle multimédia de Nazareth. A ne pas manquer si vos pas vous portent en Galilée ! Petite dédicace spéciale à Areen, une des chères copines de l'American School, avec qui Pauline se met maintenant à l'arabe !
Dans le cadre des activités proposées par Israël Accueil, nous avons bénéficié de deux visites passionnantes de Tel Aviv. L'une d'entre elles était guidée par une amie architecte, Dhalia, qui a fait son Alyah il y a quelques années, après avoir vécu longtemps à Paris. Pour les non initiés, l'Alyah est le "retour au pays" en quelque sorte, des juifs de la diaspora, l'acte d'immigration en Terre d'Israël (Eretz Israël, en hébreu). Emportés par sa verve et son éternelle bonne humeur, nous l'avons suivie du vieux quartier de Neve Tzedek jusqu'au célèbre boulevard Rothschild, l'équivalent de nos Champs Elysées français. Nous sommes en 1887. La ville de Jérusalem, dont la population croit rapidement, devient trop petite, encerclée au milieu de ses remparts. De plus, les juifs de Jaffa souffrent. Une loi vient d'être promulguée, les obligeant à changer de maison tous les ans ... L'idée s'est imposée peu à peu : construire une nouvelle cité, en bord de mer, la première ville juive moderne du monde. C'est aussi l'histoire d'un juif ashkénaze, marié à une juive séfarade, et devant fuir Jérusalem ... Il installe sa douce dans une jolie orangeraie aux portes de Jaffa, mais la belle s'ennuie. Le terrain est inoccupé. Il l'aurait donc proposé gratuitement aux pionniers avec obligation de construire dessus les premières maisons en moins d'un an. Voici donc l'origine, sans doute un peu romancée, de ce petit quartier, près de l'antique ville arabe de Jaffa, alors entourée de remparts et de dunes. Shimon RoKach, dont nous pouvons encore visiter la maison, y tint un rôle prépondérant, gérant avec beaucoup de dévouement ce petit village juif sur une terre sous occupation ottomane rassemblant une cinquantaine de familles. La petite histoire raconte aussi que les premières vagues d'immigration à la fin du XIXe siècle étaient constituées plutôt de juifs citadins, dont la motivation était religieuse. Confrontés aux conditions de vie difficile, obligés de travailler une terre ingrate sans aucune expérience, beaucoup seraient repartis vers la côte desepérés, pour attendre un bateau. Et finalement, seraient restés là, aux portes de Jaffa ... La petite fille de Shimon Rokach, Lea Majaro Mintz, a réussi à sauver la maison de son grand-père de la démolition. Transformée en musée, cette vielle bâtisse rassemble ses œuvres, représentant la femme émancipée, vue de l'intérieur ... Tout un programme ! Et retrace l'histoire de sa famille, étroitement liée avec ce premier quartier qui donnera naissance ensuite à Tel Aviv. Très entreprenant, Shimon est choisi pour devenir le chef de la petite communauté en développement. Il fait construire un hôpital, une école, une bibliothèque et développe également la plantation d’oranges le long de la rivière Yarkon . Il met en place un système de production et d’exportation des oranges vers l’Europe. Et prend également soin d’accueillir les nouveaux immigrants qui débarquent sur le port de Jaffa. Un peu plus tard, son neveu deviendra le deuxième maire de la ville de Tel Aviv. Dans ce tout petit village, qui ne comporte que deux rues, on dénombre pas moins de 3 lieux de culte. Deux ashkénazes (juifs d'Europe de l'est) et un séfarade (juifs venant d'Afrique du nord). C'est qu'on ne se mélange pas ... Cette reproduction de synagogue telle qu'on pouvait la voir à l'époque se trouve dans l'exposition située rue Lilienblum, sur la communauté juive d'Aden, venue du Yemen. C'était une communauté aisée, aux manières européennes, ayant rejoint Israël par conviction religieuse à la fin du XIXe siècle. Une des synagogues ashkénaze se trouve d'ailleurs au premier étage du musée. Au début des années 1900, Neve Tsedek s'agrandit. Les maisons sont dotées d'un étage et entourées de jardins. Les ruelles sont plus larges qu'à Jérusalem et Jaffa, il y fait bon vivre. Des artistes, des écrivains, tombent amoureux de son charme verdoyant et de son atmosphère de village. L'artiste Nahum Gutman notamment, qui nous laisse de jolies œuvres naïves et colorées sur cette époque. (Le musée présentant ses toiles est d'ailleurs installé au cœur de Neve Tsedek.) Le voici, derrière notre groupe : Un autre endroit à ne pas rater, avant d'aller manger une glace chez Anita rue Shabazi, est le Centre Suzanne Dellal. Installé dans une des premières écoles enseignant l'hébreu, c'est un haut lieu de la danse et du théâtre à Tel Aviv aujourd'hui. Sur une petite place plantée d'orangers, 3 mosaïques retracent l'histoire de ce joli quartier qui retrouve peu à peu son faste d'antan, après des années d'abandon.
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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