L'AVENTURE TEL AVIV
L'année a passé, les grandes vacances approchent, c'est aussi le moment de dire adieu à mes petites élèves ! Elles feront leur rentrée dans le système français pour 6 mois à Paris, avant de s'envoler pour Manille aux Philippines. Histoire de garder toutes les 3 une trace de nos petits cours du lundi, je leur ai demandé de me raconter leur meilleur souvenir en Israël. Je leur laisse la parole ! Ma Première Communion Ma première communion c'est mon meilleur souvenir parce que Jésus est venu dans mon cœur. C'était un peu long mais très intéressant. Eugénie a fait son baptême le même jour, mais quand c'était l'heure de mettre l'eau bénite, Eugénie était en train de dormir alors on a dû la réveiller. Après tous ensemble on a eu un bon déjeuner. Ma première communion c'était génial ! EILAT Sinon, l'endroit que j'ai préféré, c'est Eilat. On est allé là-bas pour 2 jours, on a fait beaucoup de trucs : on est allé à la plage sur la mer Rouge. On a même vu des coraux, puis on est allé dans un restaurant en dessous de l'eau. Mais on n'avait pas besoin de nager, il y avait un escalier ... Papa lui est allé sous l'eau, et il a vu un bateau qui avait coulé. Inès Ma Première Communion et le baptême de ma petite sœur Quand je suis rentrée dans l'église, j'ai vu 3 chaises hyper joliment décorées pour nous. C'était très beau. D'abord il y a eu le baptême d'Eugénie, et puis après, notre Première Communion. Quand j'ai mangé l'hostie, Jésus est venu dans mon cœur pour habiter chez moi ! Le Mur des Lamentations C'est l'endroit que j'ai préféré. Quand je suis allée devant ce mur-là, maman a dû mettre une couverture sur ses épaules, et Balthazar et papa devaient mettre une kippa. Nous, c'était normal. On a mis des petites prières dans les trous du mur. Pénélope C'est quand même sympa de fêter la fin des cours en piquant une tête dans la piscine !
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C'est le Père Cabaret qui le dit, de son éminente position de professeur à l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem : il n'existe aucun lieu qui corresponde davantage à celui de la Passion de notre Seigneur. La tradition chrétienne l’authentifie sans interruption depuis l'Antiquité. Reprenons donc la chronologie des lieux : Une carrière à flanc de colline Utilisée depuis le VIIIe siècle avant JC, elle est abandonnée au moment de l'exil des Juifs à Babylone, vers 586 av JC. Son exploitation reprend avec le retour des Hébreux, pour être à nouveau abandonnée au Ier siècle av JC : la ville s'est agrandie, et il faut aller chercher la fameuse pierre de Jérusalem, la malaki, un peu plus loin. Le mont Golgotha correspond à un filon trop friable pour être exploité, c'est pour cela qu'il se dresse dans l'espace évidé de la carrière. On peut encore voire les stries des coups de pioche dans la chapelle Sainte Hélène, sur le mur de droite. Quelques 15 ans après la mort du Christ, le lieu est intégré à la ville, qui s'agrandit encore. Un Temple païen Alors que Jérusalem est devenu colonie romaine, l'empereur Hadrien met un point d'honneur à détruire toute trace de culte juif et judéo-chrétien au lendemain de la révolte de Bar-Kokhba, en 135. Le lieu est aplani et comblé, transformé en forum, et on y adore Vénus et Jupiter. La vénération du lieu saint se poursuit pourtant de manière clandestine. Un graffiti datant du IIIe siècle, situé dans la chapelle arménienne, l'atteste : "Dominus ivimus" ("Seigneur, nous sommes venus"), agrémenté d'un navire romain peint à l'encre noire. Une rotonde pour tombeau Avec l'empereur Constantin, l'empire romain devient chrétien. C'est la fin des persécutions, et le début de la liberté de culte. Sous la direction de l'évêque de Jérusalem, Macaire, des fouilles sont entreprises afin de retrouver le tombeau du Christ. Une fois dégagé, et sans doute identifié grâce aux nombreux graffiti, il le fait recouvrir de marbre, et l'entoure d'une rotonde ajourée de fenêtres. Une longue basilique occupe l'ancienne esplanade, entourée d'un cloître. Ses mosaïques sont d'une telle splendeur, qu'elle est paraît-il à l'origine de la construction du dôme du Rocher ... Nous n'en dirons pas plus. Les heures sombres Inaugurée en 335, elle est détruite par les Perses en 614, avec toutes les églises de la ville. 90000 chrétiens vont être massacrés pour leur foi, sous le joug des Perses et des Juifs. Leurs corps sont jetés dans la piscine de Mamilla. Pensez-y lorsque vous vous garez sur le parking du même nom aujourd'hui ... Le Saint Sépulcre est reconstruit à l'identique par Héraclius lorsqu'il reprend la ville, mais Jérusalem est reprise par les musulmans en 636. Le Sultan va laisser la liberté de culte en échange d'un impôt, mais les chrétiens doivent entretenir la basilique. Les pèlerinages sont peu à peu interdits, et le Tombeau du Christ détruit en 1009 : il faut en "éliminer toute trace et mémoire". Cela déclenchera la 1ère croisade, démarche tout à fait légitime donc. Imaginons juste l'espace d'un instant raser la Kaaba ... L'église romane des croisés Il fallait délivrer le tombeau du Christ avant qu'il n'en reste plus pierre sur pierre. Les croisés ne trouvent que ce que l'Empereur byzantin Constantin Monomaque a réussi à restaurer : le cloître et le Golgotha. On reconstruit donc une église romano-gothique, à la française. C'est la façade du Saint Sépulcre telle qu'on la voit aujourd'hui, contemporaine de Notre Dame de Paris ... Les restes du tombeau originel du Christ sont ensevelis, eux, sous le tombeau actuel. Les années de désolation En 1187, Saladin tient Jérusalem. Les chrétiens ont la liberté de culte, mais interdiction d'entretenir les lieux. Toutes les portes et fenêtres sont murées, à l'exception d'une entrée. Elle suffirait bien, aurait-il dit, pour le peu de chrétiens qui subsistent ! Le clocher est rasé, car il domine les minarets alentour, et ... menace de s'écrouler. Les clés sont confiées à une famille musulmane (dont les descendants en ont toujours la garde, si vous avez suivi !) et qui se doit de prélever une taxe pour son ouverture. Une colocation difficile mais à l'image de la chrétienté universelle C'est peu à peu que les premiers franciscains accepteront de se laisser enfermer au Saint Sépulcre, afin d'y garder une présence priante. C'est en effet la solution qu'ont trouvé les religieux : à défaut de pouvoir en payer l'entrée régulièrement, ils sont prêts à y vivre enfermés pour continuer à vénérer les lieux. Sans doute espèrent-ils que la ville de Jérusalem sera bientôt libérée par une nouvelle croisade ... Ils sont rejoints par d'autres communautés déjà à l'époque de François 1er : Syriaques, Coptes, Arméniens, Grecs orthodoxes, Latins, Éthiopiens se partagent tant bien que mal l'espace pourtant réduit. Popes, Popes, Popes ... Avec l'avènement de l'Empire ottoman dont ils étaient les sujets, les grecs orthodoxes prennent peu à peu possession des lieux. Tant et si bien qu'ils détiennent bientôt la quasi totalité de l'édifice. (80%) Suite à un grand incendie en 1808, ils remplacent la chapelle construite par les franciscains au dessus du tombeau par l'édifice baroque que nous connaissons aujourd'hui, profanent les tombeaux des rois croisés ... Et des murs s'élèvent, coupant par exemple le transept de l'église romane, afin d'aménager une iconostase côté orthodoxe. C'est ainsi que l'œil averti du Père Cabaret nous fait observer ces chapiteaux de toutes les époques, côte à côte, vaillants témoins d'une histoire bien mouvementée ... Modus vivendi
En 1852, un sultan, lassé de devoir statuer sur les querelles des différentes communautés, décide d'imposer un Statu quo intangible. L'usage fait la loi. C'est depuis ce jour que les us et coutumes des différentes confessions religieuses, basées sur les traditions orales de l'époque, sont entérinées pour toujours ... Sources de querelles bien difficiles à éteindre, lorsque 6 familles se partagent la même maison, sombre, humide, et mal fagotée ! Mais que tout ceci ne nous fasse pas oublier ce qui s'est passé en ces lieux : Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre. Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s'assit. Il avait l'aspect de l'éclair, et sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d'effroi et devinrent comme morts. Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : "Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples : Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà qu'il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit. (Mt 28, 1-7) C'est au petit matin qu'il faut le découvrir ... De toute façon, le muezzin est particulièrement sonore à 4h45. Alors, pourquoi rester au lit lorsque les petites ruelles étroites du souk sont toutes à vous ? Nous avions rendez-vous avec le Père Marie-Dominique Cabaret pour une messe privative au Golgotha, à 8h, mais il était tentant de s'y promener avant l'afflux de touristes qui débarquent par centaines de cars tous les matins aux portes de Jérusalem. Nous avons donc contemplé la vieille ville encore endormie, à partir de la terrasse du couvent de l'Ecce Homo où nous avons passé la nuit ... ... pour déambuler ensuite dans les rues pavées (et souvent encombrées encore des détritus de la veille) afin d'arriver à l'aube au Saint des Saints. Belle expérience que de dormir à l'abri des remparts ! On se sent un peu moins intimidé, si c'est possible ... Et on apprivoise petit à petit cet incroyable labyrinthe. Pour découvrir le Saint Sépulcre vide ! La remise des clés se fait pourtant à 4h du matin, tous les jours, de façon extrêmement ritualisée : c'est une famille arabe qui en est la gardienne depuis des générations, afin d'éviter tout monopole entre les communautés en présence. Descendant de Nuseibeh, qui combattit aux côtés de Mahomet, il est le portier de la loge la plus lucrative de l'histoire. Au coucher du soleil, il monte sur une échelle pour fermer le loquet du haut, et repasse l'échelle par une trappe aménagée dans la porte de la basilique, en présence du sacristain de chacune des communautés qui se partagent les lieux : franciscaine, grecque orthodoxe, et arménienne. On lui repassera l'échelle à 4h du matin le lendemain, pour l'ouverture du Saint Sépulcre. Les messes se succèdent ensuite toutes les 1/2 heure, selon une savante alternance. Mais gare aux oublis ... Si une messe n'est pas célébrée un seul jour, la communauté perd à tout jamais son droit. C'est ainsi que depuis 1717, aucune messe catholique n'a pu être célébrée par exemple au Tombeau de la Vierge. Si aucun groupe de pèlerins n'est inscrit, c'est à un des prêtres franciscain de prendre le relais par exemple. En plus de ces 3 ordres à demeure sur les lieux, qui se sont aménagé un peu d'intimité au milieu des murs austères, d'autres viennent y célébrer des offices tout en ayant trouvé à se loger ailleurs. C'est le cas des Coptes, des Syriaques, et des Éthiopiens, qui eux ont élu domicile sur un toit de la basilique ! Nous pouvons découvrir leur monastère en se faufilant par une petite porte dérobée, avec l'aide d'un guide un peu averti. (Merci Jean-François !) A l'époque du Christ, nous étions ici en dehors de la ville, qui commençait au souk. Le Golgotha est situé sur une ancienne carrière, déjà abandonnée à l'époque. Il était facile de découper les blocs de pierre dans la falaise, et de creuser des tombeaux dans les monticules qui subsistent. Les mauvaises veines sont abandonnées, et c'est l'une d'entre elles qu'on aperçoit justement derrière le lieu de la crucifixion. L'endroit était idéal : à la porte de la ville, en hauteur, près des lieux de sépulture, avec des fosses abandonnées pour y jeter les croix. C'est d'ailleurs à Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin que nous devons d'avoir identifié le lieu de la Passion. On raconte que lors de la découverte de la fosse avec les 3 croix, Sainte Hélène aurait posé sur chacune un bébé malade, qui aurait miraculeusement guéri sur celle du Christ. Nous y étions justement le jour de la fête de "L'invention de la croix", célébrée en grande pompe dans la chapelle Sainte Hélène : Les nombreuses petites croix gravées dans la pierre nous rappellent que ce sont les croisés qui ont bâti cette basilique, la plus importante de la chrétienté.
Pour reprendre les mots de Marie-Armelle, qui dirige la revue Terre Sainte Magazine, "le point GPS de la mort et de la résurrection du Christ, le lieu de sa victoire sur les enfers." Avec leur robe de bure brune, on ne peut pas les rater sur les lieux saints. Au Saint Sépulcre par exemple, ils sont 10 : de Corée, de Pologne, de Malte, du Brésil, d'Italie, du Ghana, et d'Israël, ils sont le visage universel de l'Eglise. Ils ont entre 32 et 60 ans, et font partie des 260 frères présents en Terre Sainte : outre la garde des lieux saints, ils sont au service des chrétiens locaux et accueillent les pèlerins. La première fois que je les ai croisés, c'était le jour des Rameaux dans les rues de Jérusalem. Un souvenir joyeux et sonore !!! Il faut dire qu'ils peuvent avoir besoin de se défouler ... Nous avons pu écouter chez Laure et Bruno une conférence passionnante du Père David, à l'occasion de ce Jubilé exceptionnel. L'aventure des Franciscains tient plutôt de l'épopée ... Jugez plutôt : 1209 : Frère François est rejoint par 12 compagnons. 1217 : La petite communauté est déjà trop nombreuse et doit s'organiser. Lors de cette première rencontre, les frères sont déjà 5000 ! Ils décident donc de partir évangéliser en Terre Sainte, et rejoignent les croisés à Saint Jean d'Acre. 1219 : Saint François vient en personne visiter ses frères et décide de rencontrer le sultan en Egypte, dans l'espoir de le convertir. Arrêté en chemin, roué de coups, couvert de chaînes, Frère François et son compagnon Frère Illuminé sont traînés à Babylone devant le Sultan. « Si j’ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi » Psaume 23 Le Sultan Al-Kamel, accueille son hôte pendant le mois de trêve. Émerveillé par sa grande foi, le Sultan ne peut mettre fin à la guerre, il ne serait pas suivi par ses vizirs. Il propose donc à Frère François de somptueux cadeaux que celui-ci refuse, suivant ainsi son grand désir de pauvreté. Le seul cadeau que Frère François ne pourra refuser est le suivant ... La garde des Lieux Saints en Terre promise. « Je mettrai dans votre bouche une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront ni résister ni contredire » Luc, 21-15 C'est la naissance de la Custodie de Terre Sainte, qui coïncide avec celle de l'Ordre franciscain. Les frères avaient pour mission d'assurer une présence priante et d'accueillir les pèlerins en leur lavant les pieds notamment. On comprend qu'ils ne puissent plus assurer ce geste du Christ ... Ils n'étaient qu'une vingtaine par an à l'époque à arriver jusqu'ici !!! Les premiers frères sont répartis sur 4 lieux dès cette période : - Le Saint Sépulcre - Le tombeau de la Vierge - Le Cénacle à Jérusalem - La Nativité à Bethléem On les trouve maintenant dans bien d'autres lieux, comme la Basilique de l'Annonciation à Nazareth, le Mont Tabor, ou Dominus Flevit face aux remparts de Jérusalem. Pour vous donner une idée de leurs conditions de vie, les frères basés au Saint Sépulcre étaient obligés d'effectuer une rotation tous les 3 mois, sinon ils mourraient : aucune fenêtre à l'époque, air contaminé par la fumée de l'encens et des bougies, ils dormaient à même le plancher sous l'écurie du Sultan ... Les pires criminels étaient mieux traités qu'eux paraît-il ! Encore aujourd'hui, même si les conditions de vie se sont nettement améliorées, les frères assurent une rotation : une semaine au vert toutes les 5 semaines. Peu à peu, les successeurs du Sultan ont durci les règles. Une somme d'argent leur était demandée en échange de leur présence. Si la rançon n'arrivait pas, un moine était tué ... Ils ont assuré seuls une présence chrétienne en Terre Sainte pendant 400 ans, au prix de nombreux sacrifices.
Aujourd'hui, ils essaient de prendre soin de la population arabe, créent des écoles où arabes et chrétiens apprennent à vivre ensemble (-de 2% de la population actuellement) et ... montent des équipes de foot ! Aujourd'hui, la Custodie dispose de 25 paroisses et quinze écoles (10 000 élèves en tout). Ils œuvrent également pour le dialogue interreligieux en animant des conférences en hébreu afin d'échanger avec le peuple juif ou créent un centre de loisirs pour accueillir les jeunes musulmans le samedi et permettre ainsi à la communauté juive de venir prier au Kotel en paix ... Récemment, plus de 1600 logements ont été financés afin d'accueillir les familles arabes chrétiennes dont la vie à Jérusalem est de plus en plus difficile. MORALITÉ "Les croisés sont venus par milliers, recouverts de leur armure, et protégés de leurs lances et de leurs boucliers, ils sont restés 200 ans. Frère François et Frère Illuminé, en un mois, riches de leur seule foi, ont permis de perdurer depuis 800 ans en Terre Sainte !" Frère David L'expérience vaut le détour. Pour la simple et bonne raison qu'il faut vivre le désert en prenant son temps. Admirer les changements de couleur de la roche au soleil couchant, "écouter" le silence, boire un thé brûlant autour du brasero, déguster une cuisine locale ... Et on s'est régalé ! Folklore ou pas. Notre dîner a cuit sous le sable, dans une cuve bien enterrée et pourvue d'un petit brasier au fond. Bien entendu, la découverte du festin a été l'attraction de la soirée ! Quoique ... Notre petit groupe a fait aussi sensation, grâce à l'imagination débordante de Laure. Au programme, concours de chansons à partir d'un mot imposé. L'équipe gagnante est celle qui trouvera le plus de titres comportant ce mot. Inutile de vous dire qu'Eugénie connaissant tout le répertoire de Michel Sardou comme sa poche nous a battus à plate couture ! Un petit jeu de cartes avant de se coucher ... Mais quel éblouissement au réveil ! Bon. J'avoue avoir eu quelques mots à l'encontre des allemands qui ont eu l'idée géniale de survoler notre campement avec un drone afin d'admirer le lever de soleil. Mais voyons les choses du bon côté, jamais je n'aurais pu admirer le soleil levant sans leur aide. Après la brume de la veille, l'air cristallin du matin ravive les couleurs du paysage qui s'offre à nous dans toute sa majesté. A droite et à gauche, je ne sais plus où donner de la tête ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ... Et voici les filles qui sortent de leur tente : Au milieu d'un tel paysage, inutile de vous dire qu'on ne traîne pas trop dans la salle de bains, assez rudimentaire d'ailleurs ! Nous repartons à l'aube, les yeux emplis de merveilles ... bien décidés à renouveler l'expérience. Avis aux amateurs ...
Vous le connaissez déjà, à travers les superbes photos de Mathilde. Le Wadi Rum m'a envoûtée comme elle, au point qu'il m'a été bien difficile de revenir à la civilisation après juste quelques heures parmi ses falaises abruptes. En son milieu, les dunes de sable virent du rouge profond au jaune vif, du beige doux au brun foncé. Vous n'allez pas me croire ... Moi qui en fais collection depuis 30 ans, approvisionnée surtout par mes élèves, puis par mes chers neveux globe-trotteurs, je n'ai même pas pensé à en rapporter. Honte à moi ! Et voici notre moyen de transport : deux pick-up qui rappelleront des souvenirs à mes frères ... C'est le seul véhicule que nous avions trouvé à louer lors de notre séjour en Martinique pour rejoindre Thierry, qui effectuait là-bas son VSNE. On avait choisi de venir en même temps que Giscard d'Estaing, et on ne trouvait plus une seule voiture à louer sur l'île. Nous 3 étions ravis, mais maman avait passé son séjour à nous compter à chaque cahot sur la route, nombreux au demeurant ! Petite escale pour grimper à l'ascension de la dune ... Et redescendre en courant. Certains tentent même le surf ! Pendant que les bédouins se reposent : Cette fois, c'est une arche naturelle que nous escaladons : Une petite escalade le long d'un siq nous permet d'admirer quelques pétroglyphes. Voici ce que nous en dit Wikipédia : La présence de dessins, d'inscriptions gravées et de vestiges archéologiques témoigne de 120 siècles d'occupation humaine. Plus de 25 000 pétroglyphes et de 20 000 inscriptions permettent de retracer les débuts de l'écriture alphabétique et l'évolution de la pensée de l'homme, de ses activités pastorales, agricoles et urbaines dans la région. J'avoue humblement, au premier coup d'oeil, j'ai trouvé ça louche ... Mais non. Nous sommes bien dans le berceau de l'humanité ! Au détour du siq, nous croisons quelques bouilles sympathiques. Mais nous ne verrons que cette espèce-là parmi celles qui peuplent le désert. Y vivent pourtant des hérissons, des reptiles, des oiseaux, des lièvres, des damans, des chacals, des loups, des caracals et des bouquetins aux cornes géantes me dit mon guide ... Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'on allait les voir de bien plus près !!! Joie chez les enfants de Laure et Bruno, et chez Flore, Pauline et moi. Expérience beaucoup plus mitigée chez Antoine, qui se serait bien contenté de monter ... et redescendre aussi vite. Mon mari n'est pas assez rembourré !!! Alors que moi, j'aurais bien passé la journée sur mon preux destrier. Quant à moi, vous n'aurez que la vue de "là-haut". Après une bonne heure de balade, nous les laissons repartir pour rejoindre notre campement :
De son petit nom Thomas Edward Lawrence, ce britannique né en 1888 dans une famille aisée du pays de Galles semble avoir été fasciné par le Moyen Orient depuis son plus jeune âge. Il étudie l'archéologie à Oxford, et tombe sous le charme de la région lors de recherches pour sa thèse sur les châteaux croisés. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Lawrence intègre les services de renseignement britanniques au Caire, puis est envoyé en expédition en Arabie. Il prendra fait et cause pour la révolte arabe contre l'Empire ottoman. Personnage trouble et mystérieux, c'est la parution de son livre "Les 7 piliers de la sagesse" traitant de l'art de la guérilla et décrivant merveilleusement les paysages et le style de vie des Bédouins qui le rendit célèbre. "Les rochers étaient surmontés de dômes, au rouge moins écarlate que le flanc de la colline, plutôt gris et creux. Ils venaient compléter l'esprit d'architecture byzantine de cet endroit à la beauté irrésistible : cette procession dépassant l'imagination la plus fertile ... Notre petite caravane en prit conscience et tomba dans un silence de mort, effrayée et honteuse d'étaler sa petitesse en présence de ces prodigieuses collines." Les 7 piliers de la sagesse Bienvenue dans le Wadi Rum !
Nous l'avons découvert par un temps brumeux, avec un petit vent de sable qui nous a parfaitement mis dans l'ambiance. Et voici ce qui demeure de la maison de Lawrence d'Arabie ... Quelques briques à l'abri d'une paroi ocre. Après une bonne nuit réparatrice, nous avons fait un petit crochet pat Little Pétra, beaucoup plus petit comme son nom l'indique, mais avec le charme qu'apporte un peu plus d'intimité. On comprend bien comment les nabatéens ont tiré parti de cette roche tendre en transformant ses grottes naturelles en habitat troglodyte, et en sculptant une façade dans la masse plutôt que de construire des ouvrages maçonnés, vulnérables aux tremblements de terre : Quelques Bédouins nous accueillent et se laissent photographier en échange de quelques dinars jordaniens ... Encore un peu d'escalade ! Le plus remarquable sur ce site est un fragment de fresque dans le biclinium, salle à manger de l'époque, datant de 2000 ans et remarquablement bien conservé. Représentant de la vigne, des fleurs, et des oiseaux, c'est un rare exemple de peinture nabatéenne. Et quelques câlins ...
Plus de 800 sites et près de 500 tombeaux se déploient sur un vaste territoire de montagnes et de widyan (vallée creusée par un cours d'eau). On peut se demander si cette cité a vraiment été habitée un jour, ou n'était finalement qu'une nécropole ... Mais tout porte à croire que les Nabatéens, nomades venant d'Arabie, vivaient sous la tente, tout en étant d'excellents commerçants. Placée sur la route de la soie, Pétra voyait passer d’innombrables caravanes de chameaux, et prélevait paraît-il la moitié des marchandises comme taxe de passage. Ils pouvaient être riches ... La rue des Façades : Après avoir dépassé le Trésor, nous débouchons sur le Siq extérieur, et nous avançons dans la rue des Façades. Plus d'une quarantaine de tombes et d'habitations ont été creusées à même la paroi, surmontées d'un joli bandeau décoratif. Il fallait compter entre 15 et 30 ans de travail, et jusqu'à 500 ouvriers paraît-il. Avec quelques lauriers roses qui arrivent à pousser au milieu de la rocaille, c'est du meilleur effet ! L'escalier que l'on devine au sommet permettait à l'âme de monter plus facilement vers le ciel. Le théâtre Il est le seul au monde, me dit-on, creusé à même la roche. C'est du costaud !!! Situé au pied du Haut lieu du Sacrifice, où se déroulaient comme son nom l'indique les offrandes d'animaux, le théâtre pouvait accueillir 4000 spectateurs. Les Romains l'agrandirent ensuite, jusqu'à atteindre une capacité d'environ 8500 spectateurs. Pour une ville de 30000 personnes environ, c'était considérable ... Le temple aux Lions : Si je vous fatigue un peu avec mes temples successifs, qui se ressemblent beaucoup, ne m'en veuillez pas ! Et passez vite ... Cela me permet juste de fixer ma mémoire défaillante. Le temple aux Lions, ainsi nommé grâce aux félins sculptés qui couronnent les chapiteaux est amusant à découvrir parce qu'il faut escalader un peu le Wadi, et aussi car ses couleurs, impossible à deviner de l'extérieur, sont éblouissantes. Il était probablement dédié à la déesse de la fertilité, Atargatis. De nombreux vestiges laissent supposer qu'il était très joliment décoré, avec des arches et des portiques qui allaient jusqu'au Wadi et l'enjambaient. Le monastère Al-Deir Le sentier qui nous a menés à cette merveille est rude ! Toute mon admiration va à Laure qui a grimpé courageusement avec ses bâtons les 800 marches taillées à même le roc. Une petite pensée aussi pour les enfants qui n'ont pas trop rechigné. Mais la vue est à couper le souffle, car l’œil embrasse les vallées environnantes. Niché en haut de la colline, ce tombeau a sans doute été transformé en église par les byzantins, d'où ce nom de monastère qui lui a été donné à cause des croix qui le décorent. C'est sans conteste le monument le plus impressionnant de Pétra. Pique-nique bien mérité dans les hauteurs ! (Et délicieux café à la cardamome) Pas de repos pour les braves. Nous redescendons par le même chemin, au milieu des ânes qui descendent au trot, des touristes essoufflés qui n'ont pas bien calculé leur coup (et montent à l'heure la plus chaude ...) et des étals de tissus chatoyants. Rue à colonnades et Grand Temple On estime que ce Temple s'étendait sur 7000 m2. Construit par les Nabatéens, il a été décoré de chapiteaux en calcaire et de frises florales, du dernier cri pour l'époque ... Il ouvrait sur une rue pavée bordée de colonnes de grès recouvertes de marbre. Des portiques couverts donnaient accès à des boutiques. Les Champs-Elysées du Ier siècle, en quelque sorte ... L'église Byzantine N'écoutant que notre courage, nous faisons un joli détour. Par un petit pont branlant, nous arrivons à ce qui reste de l'église Byzantine, décorée de mosaïques relativement bien conservées, qui à l'époque recouvraient également les murs. Le baptistère, situé en face de l'auvent qui protège le pavage est touchant de simplicité : Vers les Tombeaux Royaux C'est le nom donné aux 4 façades magnifiques qui dominent la rue principale. Les principales sont le Tombeau de l'Urne, reconnaissable grâce à l'urne gigantesque qui le coiffe, et le Tombeau de la Soie, qui se distingue par les magnifiques couleurs de sa roche. - bleu : cobalt - jaune : souffre - rouge et noir : fer - vert : cuivre ... Ils sont petits, hein ? Dédicace toute particulière à cette charmante petite fille qui voulait absolument me donner une paire de boucles d'oreilles, alors que je ne les ai pas percées ... Un dernier petit effort ! Nous terminons cette journée par un dernier escalier monumental creusé dans la roche rose. Quelques chants et canons nous permettent d'entraîner les plus jeunes qui commencent à crier grâce ... Le but est de boire un petit thé au sommet de la falaise qui surplombe le Trésor. La vue est imprenable, malgré l'ombre qui nous gagne. Ce serait mieux à l'aube ! Avis aux amateurs ... Allez, je vous laisse tranquille ! Je suis sûre que vous êtes aussi fatigués que nous.
Ce dernier petit échantillon de roches pour vous montrer l'étendue de la palette. Moi qui aime les cailloux, j'étais servie ... |
AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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