L'AVENTURE TEL AVIV
Flore arrive la veille de la rentrée des classes des filles. Mauvaise nouvelle, elle ne va pas beaucoup les voir. Mathilde a ses épreuves d'oraux de langues pour le bac, et enchaîne avec un bac blanc et Antoine reprend le travail après les fêtes de Pessah, où la vie est très ralentie ici. Bonne nouvelle pour moi, je vais profiter d'elle calmement ! Nous nous sommes dit que c'était certainement la première fois que nous avions du temps pour papoter, marcher sur la plage, et même nous baigner toutes les deux ... Visiblement, il faut bien quelques jours d'adaptation en arrivant dans ce drôle de pays. Flore et Grégoire nous le confirment, et nous en avons fait l'expérience aussi. - Nous sommes au Moyen Orient, et le mot "balagan" résume bien l'organisation toujours assez approximative, voire totalement inexistante. Ça parle beaucoup, ça fait du bruit, mais rien n'avance ... Ce qui est parfois très frustrant, surtout pour Antoine actuellement ! - Des quartiers ultra modernes bordent des immeubles qui nous semblent peu accueillants : les appartements ont une drôle d'allure avec leur climatiseur accroché au balcon, et leur ballon d'eau chaude comme une grosse verrue sur le toit. Ceci dit, c'est très efficace, nous profitons du même système pour obtenir de l'eau chaude et croyez-moi, c'est vraiment très chaud ! Je me suis demandée pourquoi ils étaient noirs en Palestine, et blancs en Israël ... Et bien tout simplement parce qu'en Palestine ce sont des réservoirs qui leur permettent de faire face aux multiples coupures d'eau, et en Israël, ce sont des chauffe-eaux solaires. C'est d'ailleurs le premier pays au monde à utiliser ce système. - Nous n'avons plus l'habitude en France de voir nos paysages barrés par des fils électriques. Ces immense pylônes au milieu du désert gâchent un peu le paysage, mais il nous faut nous rappeler que c'est un pays qui fête ses 69 ans bientôt. Comme beaucoup de pays jeunes ou en développement, ils ne se sentent pas encore concernés par la protection de l'environnement ... - Le climat est très agréable mais aussi très changeant. Mer déchaînée un jour et mer d'huile le lendemain, on passe de 20° à 40° degrés très rapidement (surtout quand on décide ce jour-là de découvrir la mer morte ... ) - Tout se lit à l'envers : les cahiers, les dossiers de banque ou le catalogue IKEA s'ouvrent par la fin ... - Les panneaux sont écrits en 3 langues : hébreu, arabe et écriture latine et cela ne gêne personne de voir face à face la même ville écrite de deux manières différentes ... mais ça vous le savez déjà ! - Au niveau alimentaire, il vous faudra abandonner vos petites habitudes bien françaises. Impossible de trouver ici une pizza avec fromage et viande ou un cheeseburger !
Petite explication pour ceux que ça intéresse : "L'exigence de sainteté prônée par la Thora s'étend à tous les domaines de la vie, du plus collectif au plus intime, et comme la nourriture de l'homme tient une place de choix dans sa vie, il était normal que la Thora réglemente particulièrement cette activité. En réalité, aussi trivial que cela puisse paraître, il faut manger cacher parce que Dieu l'exige de son peuple !! La notion de sainteté nous demande de spiritualiser le monde matériel en maîtrisant nos sens. Ainsi, lorsque la Thora ou une instance rabbinique reconnue dresse une liste des aliments casher, cela ne signifie en aucune manière que les aliments interdits soient mauvais, sales ou malsains, mais souhaite seulement transformer la table familiale en lieu d'élévation et d'harmonie spirituelles." Alain Blum Tout homme qui mange des aliments non cacher ne pourra voir ses prières monter vers Dieu. Vous êtes prévenus ... Après lecture des multiples prescriptions dont je vous fais grâce, voici la loi qui m'a le plus surprise : on ne mélange pas les laitages et la viande tant à la préparation, qu'à la consommation voire à la vente. On ne mélange pas ce qui vient de la mère et ce qui vient de l'enfant ! On les cuisine même dans des espaces différents, avec d'autres ustensiles, et il faut attendre un certain nombre d'heures pour consommer l'un et l'autre. Adieu le plateau de fromage à la fin du repas ...
1 Commentaire
Ce qui nous frappe dans ce pays, c'est la grande modernité de certains quartiers, qui côtoient des no man's land. Ce reste de bâtiment abandonné se trouve le long de la promenade très fréquentée qui longe la mer jusqu'à Jaffa. Samedi soir, nous avons emmené les filles se promener à Tel Aviv, dans le quartier de Neve Tsedek, quartier français paraît-il. Les filles nous le confirment, tous les jeunes de Mikvé habitent là. Mais Mathilde et Pauline ont vraiment trop l'habitude de leur petit coin de verdure à Buc, et ne se voient pas du tout en pleine ville. Tant mieux, nous non plus ! Même si cette pleine ville est en bord de mer, avec des surfeurs en combinaison, la planche sous le bras, en plein milieu des grands boulevards. Et on y trouve de jolis coins malgré tout ... C'est la fête pour tout le monde ce soir, la ville entière est déguisée. Visiblement, "the place to be" est le boulevard Rothschild, équivalent de nos Champs Elysées, pour se montrer un peu, manger un morceau, puis aller en boîte. Nous avons particulièrement encouragé le bonhomme Lego, qui avait beaucoup de difficultés à marcher et à voir où il allait !
Journée de la femme, et exceptionnellement, les filles n’ont pas cours, puisque c’est la fête à Mikvé ce matin. Sorte de carnaval, avec défilé et remise de prix, animation dansante, barbe à papa … Je vous laisse admirer la photo du groupe de garçons de la classe de Mathilde qui a gagné le 1er prix. Pas très français, cet humour … En tout cas, pas sûr qu’ils aient gagné un prix chez nous ! Voici maintenant le déguisement de Maira (et de son copain), très sympa, qui fait tout ce qu'elle peut pour faciliter la vie à Mathilde depuis jeudi. Pour les non initiés, le thème choisi est : "Où est Charlie ?" Les filles dans le bus : Et un déguisement barbe à papa que je trouve particulièrement réussi ! Pas cours cet après-midi ! Vous nous connaissez … Incapables de résister à l’attrait de la plage, nous nous lançons. Une chose est sûre, nous sommes les seules dans l’eau ! Après l’effort, le réconfort … Encore quelques photos de la plage avant de partir, on ne s'en lasse pas. Voici à quoi ressemble notre rue, et l'immeuble d'en face. Les palmiers poussent même sur le trottoir ! A notre retour de la plage, Antoine est déjà là.
Qu'il est difficile de travailler dans ces conditions ... Message pour les bucois : nous avons retrouvé les perruches ! Elles viennent visiblement passer l’hiver en Israël. Bonne idée, leur compagnie me plaît tout à fait. Celle-ci était perchée sur le palmier qui borde notre petite terrasse, d’où on peut admirer un petit bout de mer entre les immeubles. Ci-dessous, avis de grand frais à l'horizon, et notre salon, en cuir blanc comme tous les salons ici visiblement. Ouf ! Ce soir, le stress retombe un peu. En tout cas chez Mathilde, car Pauline a visiblement tout de suite adopté ce pays. La mer, la plage, le soleil, plein de copines, tout lui plaît. C’est son côté corse qui parle ! (Un portable pour la première fois pour elle, ça compte aussi …) Les filles reviennent avec plein d’histoires passionnantes. Il y a beaucoup d’échanges très ouverts avec les autres jeunes. Et l’avantage est qu’elles côtoient des israéliens qui parlent français ! Donc ça pose des questions sur Paris, les options du bac, les emplois du temps, les modes de vie, les méthodes éducatives très différentes d’un pays à l’autre, l’ambiance, le climat, les relations profs/élèves, les repères culturels … Tant mieux, Mathilde me disait qu’elle était venue pour ça. Les effectifs sont réduits, donc tout le monde se connaît, et l’arrivée de deux nouvelles de France a vite fait le tour du Lycée. Il faut dire aussi que cette semaine, c’est « Pourim », et tout le monde se déguise avec un thème différent chaque jour. Efficace pour mettre de l’ambiance ! - drôle de tête ou chapeau - vice et versa - tenue chic - déguisement complet … Aujourd’hui, il faut apporter une petite douceur et la mettre en cachette dans le sac de la personne dont vous avez tiré le nom au sort, avec une devinette. La fête de Pourim est la célébration du miracle qui a sauvé les juifs en Perse, vers l'an 480 avant notre ère, tiré du Livre d’Esther. Les plus curieux pourront rechercher le passage dans l'Ancien Testament. La coutume est de se déguiser, car la vraie nature des personnages est révélée dans ce passage biblique, et leurs masques tombent. De même, on se fait des cadeaux comestibles entre amis (et aux pauvres également) en symbole de solidarité dans l'épreuve. Je profite bien de leurs petites histoires, car moi, je ne parle à personne de la journée. Un carême de papote, quoi …
Et que devient Antoine ? On ne le voit plus beaucoup ! Avi lui a prêté une voiture, il va travailler dans un open space, rencontre beaucoup de monde et visite des lieux pour installer ses bureaux. Et surtout beaucoup, beaucoup, beaucoup d’administratif … Ce soir, réception chez Madame l’ambassadeur. Avec des Ferrero, sans doute … Samedi, il faut se mettre au travail, et là, tout se complique. Des exercices à faire sur des leçons qui n’ont pas été vues, des chapitres manquent à l’appel pour Mathilde qui passe quand même le bac dans 3 mois … Et un niveau extrêmement haut en langue, espagnol, anglais. Les jeunes parlent tous 4 langues couramment, puisqu’entre eux ils parlent français, et ils ont des cours d’hébreu obligatoires. Mathilde va y échapper, Pauline, je ne pense pas ! On arrive à trouver une place pour déjeuner sur la plage à 16h seulement. On découvre que tous les restaurants sont réservées à l’avance le week-end : c’est Shabbat, et les israéliens sont de sortie. Jour particulier, durant lequel on réduit ses activités, on se concentre sur sa famille, ses amis. On ne doit normalement ni cuisiner, ni conduire, ni téléphoner, écrire, bricoler, jardiner ou toucher un appareil électrique … « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. » Exode 20:8-11 « Nous nous efforçons pendant le jour du shabbat, d'introduire la présence de Dieu dans ce monde. Nous nous abstenons de toute création, dans le but de réaffirmer que nous ne sommes pas maîtres de notre destin. Quelqu'un d'autre s’en occupe. » A méditer … Après quelques photos des filles sur la plage, nous rejoignons Jaffa dans l’espoir d’avoir la messe. Pas de chance, elle est en espagnol ! Difficile de s’y retrouver , on n’est déjà pas très réveillés … Toujours la mosquée Al-Bahr qui jouxte l’église Saint Pierre, pour ceux qui suivent un peu.
Et Tel Aviv de nuit, depuis Le Vieux Jaffa. |
AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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