L'AVENTURE TEL AVIV
NOVEMBRE 2019 Je repars quelques mois en arrière ... Vous devez avoir un peu de mal à me suivre. Voici un article commencé début juillet, que j'ai eu bien du mal à terminer. Que de choses à vous raconter encore ! Notre immersion dans le monde ultra orthodoxe est le résultat d'un pari. Vous savez qu'Antoine est parfois joueur ... Tsipy, la charmante comptable qui gère le Lab a pour chef Doron. A chaque fois qu'il croisait Antoine, il lui réclamait un petit cadeau, au grand dam de son employée. Antoine a fini par lui offrir un petit Twizy miniature, qui recèle une clé USB. Mais, en échange, il a réclamé un cadeau un peu spécial ... La visite de Bnei Brak, ville de la banlieue Nord-est de Tel Aviv, où il habite avec son épouse Lior. Désolée pour cette photo prise sur Internet contrairement à mes habitudes, mais la visite a eu lieu de nuit et j'ai essayé d'être discrète ... Ce qui était de toute façon impossible, étant loin du code vestimentaire haredim. Il aurait fallu : - que je porte une perruque - avec collants et ballerines obligatoires - jupe ou robe en dessous du genou - et les bras couverts forcément, même en plein été. Côté masculin, c'est plus facile : il aurait fallu qu'Antoine ait une chemise blanche, un pantalon noir, et une kippa, à défaut d'un grand chapeau. (Cela me rappelle l'anecdote de Laurent-Pierre à Jérusalem, surpris un jour que ses voisins le saluent ... Il a réalisé après coup qu'il avait respecté sans le savoir le code vestimentaire à la kippa près !) Fondée en 1924 par des famille hassidiques de Pologne, la ville constitue aujourd'hui la plus grande concentration au monde de Juifs ultra-orthodoxes avec Jérusalem. Le shabbat notamment, y est scrupuleusement respecté. Nous avons attendu cette visite quelques mois, pour laisser passer les fêtes juives qui s'étalent sur de nombreuses semaines, mais cela valait le coup. Tsipy (à la droite d'Antoine) s'est jointe à nous, car c'était une grande première pour elle aussi. Tant mieux, car elle a pu faire la conversation avec Lior, qui ne parle qu'hébreu, et avec qui je ne pouvais échanger un mot. Nous avons été merveilleusement accueillis, autour d'un somptueux gâteau de fête, crémeux à souhait. Leur appartement, bien que petit, est rutilant : salles de bains en marbre et meubles laqués blanc. Doron nous a confié en souriant que son épouse avait, côté déco, des idées bien arrêtées et que, "Barou'h Hachem"(Dieu merci) il avait un bon salaire ! Je ne pense pas que ce soit le cas des 200 000 familles qui vivent entassées là, avec peu de moyens car le père souvent ne travaille pas, mais étudie la Torah comme il se doit, et chaque foyer accueille entre 7 et 10 enfants en moyenne. Ce qui implique des machines ... de blanc, surtout quand on a beaucoup de garçons. J'ai beaucoup aimé la cabane dépliable pour Sukkot ! Ingénieux, non ? Je n'ai bien sûr pas osé prendre de photo à l'intérieur pour ne pas blesser notre maitresse de maison. Comme vous le savez déjà, certains groupes n'ont accès ni aux informations, ni aux téléphones ou ordinateurs. J'ai été médusée devant la petite taille des chambres d'enfant et leur rangement impeccable, me rappelant du bazar chez les miens ... Je m'en suis ouverte à Tsipy qui m'a glissé à l'oreille que les enfants ultra orthodoxes fréquentent une Yeshiva (centre d'étude de la Torah et du Talmud, dirigée par un rabbin) et n'ont en aucun cas le temps de jouer. Voici la Yeshiva que j'ai réussi à photographier. Assez réputée, on vient d'Amérique pour y étudier. Doron nous a fait découvrir son quartier avec bonheur, et nous avons mieux compris pourquoi il fallait absolument que ce soit un jeudi. Tout le monde est de sortie ! Veille de shabbat, donc repos le lendemain. La coutume est d'aller chercher sa hallah, (brioche traditionnelle pour le dîner du vendredi soir) directement à l'entrepôt. Une véritable usine ! Mais j'avoue ... elle était bonne; choisie avec amour par Antoine. Le clou de la soirée a été notre visite de la "Maison des mariages". Elle ne s'anime que le jeudi soir ici. Un immeuble de cinq étages, illuminé de néons bleus ... Cinq étages : cinq mariages, avec deux entrées bien distinctes : une pour les hommes, l'autre pour les femmes. On ne se mélange pas, même ce jour-là. Il est inenvisageable de ne pas venir saluer les mariés. On vient donc de loin, même juste 1 heure, en donnant au passage une petite participation financière. Ce qui implique un ballet d'invités, valise au bras, montant et descendant les marches. Une vraie volière ! Antoine pose devant l'escalier réservé aux hommes. (J'avoue qu'on avait fait fort côté code couleur ...) Chacun arbore une tenue de fête au charme suranné, je me sens légèrement ridicule avec mon jean et mes sandales ... Pour clôturer la soirée, nous sommes allés dans une sorte de drugstore pour une dégustation de spécialités ashkénazes. La plupart des recettes demandent des heures de cuisson, et il semblerait que les jeunes cuisinières voulant présenter des plats traditionnels pour le repas de shabbat se ravitaillent souvent ici. Voici quelques noms notés au vol : (orthographe plus qu'approximative !) - le CHOULENT, marmite de viande aux haricots blancs et à l'orge - le KUGEL, gâteau de nouilles ou de pommes de terre - le TSAHAVA, terrine de poisson Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de découvrir le fameux GEFILTE FISH, une carpe farcie traditionnellement proposée pour Pessah. Eh oui, nous avons laissé Benny et Elisabeth la manger tous seuls, chacun confiné dans son coin cette année ... : (( Doron et Lior surveillaient discrètement ma tête lors de notre dégustation. Eh bien je me suis régalée ! Beaucoup d'ail et d'oignon, plein de saveurs nouvelles, des épices et des herbes, je suis fan ... mais bien incapable de reproduire les recettes.
Nous sommes repartis les bras chargés de victuailles, avec une belle bougie de shabbat en prime, et surtout l'impression d'avoir plongé dans un autre monde le temps d'une soirée ...
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Entre la vieille ville et le mont des Oliviers, la vallée du Cedron abrite des tombes taillées dans le roc pendant la période du second Temple (539 avant JC-70 av JC). A droite, la tombe dite de Zacharie semble découpée à la truelle, et tout droit sortie d'un concours de château de sable à Trouville. On la repère facilement, sur le chemin qui longe l'immense cimetière juif au pied des murailles. A la base du tombeau, un vestibule permet de pénétrer dans la chambre mortuaire. C'est toujours très émouvant de trouver les lieux qui semblent quasi intacts, plusieurs millénaires plus tard ... Même si on sait aujourd'hui qu'il s'agissait plutôt du mausolée d'une famille sacerdotale citée dans les chroniques : les Béni Hezir. (1 Chron. 24,15) La tombe la plus impressionnante est certainement celle qui ressemble à une toupie. Ce deuxième tombeau date de la fin de la période hellénistique (1er ou 2ème siècle av. JC). Un passage de l'Ancien Testament l'attribue au fils rebelle de David, Absalom, et au roi Josaphat. "De son vivant, Absalom avait fait édifier un monument qui se trouve dans la vallée du Roi (Josaphat) et il avait donné son nom à ce tombeau. On le nomme encore de nos jours le tombeau d'Absolom." (2 Samuel 18,18) Selon le prophète Joël, c'est dans cette vallée de"Josaphat" (qui signifie "Le Seigneur juge") qu'aura lieu le Jugement dernier. Et je peux vous assurer que la liste d'attente est longue pour avoir le privilège d'être enterré ici ! "Je rassemblerai toutes les nations, je les ferai descendre vers la vallée de Josaphat et là, j'entrerai en jugement avec elles." Les Chrétiens, puis les Musulmans ont suivi les juifs dans leur croyance. Tout ce beau monde attend la résurrection en ce lieu symbolique où le Seigneur arrivera par cette porte dite dorée, porte de la vie éternelle, ou encore porte de la Miséricorde. Tout un programme ! Raison pour laquelle Saladin l'a faite murer. On ne sait jamais ! Au cas où cela puisse arrêter le Messie ... Moi j'aime bien l'idée. Même si cela va faire bondir certains de mes lecteurs. Les trois plus grands lieux de culte dans cette ville trois fois sainte, et on attend le Sauveur, tous ensemble ... Ne vous étonnez pas de voir un amoncellement de pierres sur certaines tombes juives. La coutume veut d'en poser une sur la sépulture lorsque l'on vient se recueillir au cimetière. Ce qui donne des résultats assez mitigés d'ailleurs.
"C'est une des routes les plus impressionnantes de Terre Sainte : magnifique moutonnement de collines qui, telles de lourdes vagues, vont se perdre jusqu'aux abords de la plaine de Jéricho, trente kilomètres plus loin." (Guide de la Terre Promise) C'est aussi ma préférée ... Tous mes visiteurs y ont eu droit ! Et j'ai tellement l'impression d'entendre le Christ nous raconter cette histoire, qui a ce Wadi pour théâtre : LE BON SAMARITAIN (Luc 10, 25-37) Qui est mon prochain ? » Jésus prit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ... (Voici la route : admirez un peu le coupe-gorge !) Et il tomba sur des bandits. Ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. (Pauvre homme, il avait peu de chances de s'en sortir, il faut l'avouer ...) Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. (Sachez qu'un prêtre, à l'époque, ne pouvait d'aucune manière approcher un blessé, cela l'aurait rendu impur, et donc dans l'incapacité d'assurer son service au Temple. C'était forcément un Cohen, descendant d'Aaron, le frère de Moïse, seuls habilités à assurer le culte) De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. (Les lévites sont issus de la tribu de Lévi, une des 12 tribus d'Israël. Dédiés au service du Temple, ils sont les assistants des Cohen) Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. (Pour votre culture, le Samaritain était l'ennemi juré des juifs à l'époque ! La honte quoi ...) Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. » Promis, je vais aller jeter un coup d’œil sur cette fameuse auberge avant de partir. Elle ressemblait peut-être au monastère Saint Georges, accroché à la paroi un peu plus loin ... C'est un des rares monastères orthodoxes qui accepte les femmes, car la Vierge serait apparue à ce grand saint, victorieux du dragon. Le coronavirus et notre départ anticipé ne nous auront pas permis de réaliser un rêve : rejoindre le monastère en suivant le wadi, au départ du Parc National. Toute une organisation, car cela représente quand même 4 à 5 heures de marche. Il faut donc y aller à 2 voitures, et en laisser une à l'arrivée pour assurer le retour. Mais nous avons quand même bien profité du lieu avec nos amis les Clouzet, l'an dernier, avant que Laurence se casse malencontreusement la cheville au même endroit quelques mois plus tard. (Non non, Père Etienne, on sait que vous ne l'avez pas poussée ... ; )) Nous y serions bien allés cet hiver, mais c'était inenvisageable à cause des pluies trop fréquentes. Le niveau d'eau peut monter soudainement de plusieurs mètres dans le canyon lorsqu'il pleut à Jérusalem, situé sur les hauteurs (800 mètres d'altitude, alors que Jéricho, la ville la plus basse au monde, est à - 240 mètres). FLASH FLOOD Ce phénomène, bien connu pourtant, a coûté la vie à une dizaine de jeunes le jour où Emilie et Matthias devaient partir se promener dans le Wadi Arugot il y a deux ans. N'ayant pas eu l'info (en hébreu bien évidemment) toutes mes copines israéliennes sont venues aux nouvelles alors que je n'en avais pas encore de mes neveux ... Je m'en souviendrai longtemps !!! Vous pouvez apercevoir Jérusalem à l'horizon : LE PARC NATIONAL DU WADI QUELT Visiblement, c'est un spot assez réputé pour l'escalade. On y trouve de drôles de bestioles, qui apprécient les chemises colorées d'Antoine; Et pour être au calme, il ne faut pas y aller un jour de shabbat ! Beaucoup de familles y emmènent leurs enfants qui peuvent se rafraîchir dans les bassins : On s'est dépêché de s'éloigner un peu, comme vous pouvez l'imaginer. Mais en croisant quelques toboggans bien sympathiques au détour du canyon, il a fallu faire une petite pause rafraîchissante : Je reviendrai ! Avis aux amateurs ...
Profitez de ces images inédites ... Ce n'est pas souvent qu'on peut admirer le plus important lieu saint de la chrétienté comme cela. Les pèlerins qui connaissent les lieux ne me contrediront point ! Pour la petite anecdote, il aura rouvert le même jour que le Lab ! (Excusez cette digression tout à fait profane ...) Alors moi, bien sûr, ce ne sont pas de nouveaux manuscrits que j'ai trouvés là-bas, mais le merveilleux petit oiseau que je cherche depuis 3 ans ! (Cf. article de blog "Oiseaux chanteurs" de mai 2017). Ce petit guêpier d'Europe doit aimer l'aridité du désert, car il me semble l'avoir déjà aperçu dans le Wadi Quelt ... Flore a été vraiment bien inspirée de venir nous voir en février. C'est finalement elle qui sera venue nous voir en dernier ... Nous avons fait une jolie petite escapade toutes les deux au bord de la mer Morte. Nous avions essayé de visiter Massada il y a 3 ans, mais nous avions trouvé porte close. Avis aux amateurs, les Parcs nationaux ferment tôt ! (16h en hiver) Ceci dit, le paysage en dessous du site est assez grandiose, surtout quand on arrive de Buc n'est-ce pas ... En chemin, nous avons fait une pause à Qumran, que je ne connaissais pas. Petit résumé pour les gens pressés qui n'auraient pas eu le temps de se farcir 1h30 de documentaire ... Les fameux manuscrits ont été découverts en 1947, 1 an avant la création de l'état d'Israël, par le plus grand des hasards. Ecoutez plutôt : un berger bédouin, cherchant une brebis perdue (ça vous parle, non ?) envoie une pierre pour chasser l'effrontée d'une grotte à flanc de falaise. Au lieu d'entendre un bêlement offusqué, c'est un bruit de jarre cassée qui l'intrigue ... On trouvera au total plus d'un millier de fragments cachés dans ces pots de terre cuite de forme très particulière, dans 11 grottes successives. Découverte magistrale ! Ce sont les plus anciens textes bibliques connus à ce jour. L'un d'eux mesure plus de 7 mètres de long et renferme l'intégralité du Livre d'Isaïe. D'autres manuscrits sont des descriptions de la vie en Judée à l'époque du Christ. Un témoignage incroyable ... Une copie de ces rouleaux est exposée au Musée d'Israël, à Jérusalem. Le sanctuaire du Livre est un bâtiment à l'écart, au milieu d'un parc agréable. De facture très moderne, Pauline l'a trouvé très photogénique lors de notre visite à Noël : Les archéologues pensent qu'ils ont été copiés entre l'an 100 avant Jésus-Christ, et la deuxième destruction du Temple, vers l'an 70 de notre ère par une communauté appelée "Les fils de la Lumière" : Les esséniens. Saint Paul pourrait avoir fait partie de ces élus, avant d'être appelé par Jésus à le suivre. Ces hommes vivaient selon des préceptes extrêmement stricts, mis par écrit dans la Règle, retrouvée parmi les manuscrits : - 3 bains rituels dans l'eau froide des mikvés par jour, pour la purification - les repas sont pris en commun dans un long réfectoire, au son de la lecture de la Parole - la journée est consacrée à l'étude et à la prière Plus de 1000 plats ont été retrouvés lors des fouilles sur le site, ainsi que des fours pour cuire les poteries, et une dizaine de mikvés au total. La communauté de prêtres aspirait à la perfection de leur vie, en cherchant à la fois la pureté du corps et du cœur. Toute leur vie était fondée sur la Parole. "Seuls les fils d'Aaron auront autorité. Ils sont les gardiens de l'Alliance. A ceux que Dieu a choisis, tout a été donné en possession éternelle. Il a placé leur héritage dans le lot des saints ... Béni sois-tu, mon Dieu, toi qui ouvres à la connaissance le cœur de tes serviteurs." (Règle de la Communauté) Ces fils de Lumière ont fui Jérusalem, car les prêtres du Temple s'étaient rendu impies à leurs yeux. Ils se sont donc mis à l'écart dans le désert. Malheureusement les Romains, dans leur poursuite effrénée des derniers fuyards, viendront les déloger en l'an 68. Cela explique certainement ces manuscrits cachés en toute hâte avant de quitter les lieux, qui représentaient ce qu'ils avaient de plus précieux : leurs textes sacrés. On est en mesure de penser aujourd'hui que les rescapés se sont retranchés à Massada, auprès d'un autre groupe dissident bien plus combatif : les Sicaires (du nom de leur arme) ou Zélotes. Le suicide collectif de ces derniers dissidents au sommet de la forteresse en 73 est pour les israéliens un exemple, celui de la lutte contre l'envahisseur au mépris de sa propre vie. C'est encore ce que vivent dans leur chair les familles qui voient partir leur progéniture pour 3 ans de service militaire, qu'on le veuille ou non.
Si vous voulez essayer de percer le mystère des célèbres rouleaux, voici un documentaire passionnant. Il vous emmènera de Qumrân à Jérusalem, de Césarée à Massada, sur les traces des esséniens, fuyant la persécution romaine. Les thèses disputées par les scientifiques vont plutôt à l'encontre de ce qu'on peut lire sur Wikipedia ... J'aurais bien aimé demander son avis au Père Cabaret de l'Ecole biblique, mais il est actuellement bloqué en France ! Suite au prochain article pour faire le point. FAIRE LE POINT Enfin ! Nous retrouvons un semblant de vie normale. Comme vous j'espère ... Bon, j'avoue que cette période a été certainement plus facile pour moi que pour beaucoup : j'avais enfin de la compagnie ! Nous nous sommes vus davantage en deux mois qu'en trois ans avec Antoine ... Idem pour Pauline puisqu'elle partait à 7h15 le matin et rentrait souvent à 18h de l'école américaine. Je vous rassure, on s'en est plutôt bien sorti. Il faut dire que le cadre s'y prêtait aussi. Côté bilan, l'heure était plutôt à l'intériorité. Cela m'a permis de garder un peu de distance face à cette avalanche d'informations anxiogènes et de me sentir plus proche de nos enfants, nos parents âgés, notre famille, nos amis éprouvés. Côté activité, je me serai au moins remis à la couture, histoire de ne pas avoir apporté ma machine à coudre pour rien. Il était temps ! Bilan : une petite jupe aux couleurs de l'espérance. VOIR LES AMIS Ma première sortie m'a permis de retrouver Elisabeth, ma "consœur" de Pilates, de marche et de lecture. Une petite balade sur la falaise nous a fait le plus grand bien. A nous les grands espaces ... Puis dès que l'interdiction d'accéder aux plages est tombée, j'ai retrouvé ma copine (et voisine) Marie-Laure pour une bonne marche de quelques kilomètres. Nous avons pris soin de notre dos ensemble. Impossible pour l'instant de retrouver Dorothée, toujours coincée derrière son mur à Bethléem, ni Laurence, partie en France tenir compagnie à Marie, obligée de quitter UniLaSalle comme Grégoire ... On enchaîne avec un week-end à Tibériade pour retrouver les amis de Jaffa : la consigne est de ne surtout pas parler d'actualité, le mot Corona est banni de nos conversations. On a remporté ce challenge haut la main ! Antoine a eu le temps d'oublier ses soucis en chahutant dans la piscine avec les filles et en prenant un cours de barbecue avec Arthur, que je remercie de tout cœur. La vue sur le lac était reposante à souhait après deux mois enfermés : Et on termine par un petit dîner à la fraîche samedi dernier. C'est la canicule ici ! On nous annonce un ressenti 46° tous les jours ... Du jamais vu sur une aussi longue période à Tel Aviv paraît-il. Mais vous m'avouerez que cela colore le ciel de façon improbable au coucher du soleil. RÉALISER QUE LE PRINTEMPS EST ARRIVE Nous avons pu vérifier qu'effectivement, la nature avait bien profité de cette pause ... Même si je déplore la collection de masques et de gants qui fleurissent un peu partout. En Israël, il vaut mieux garder le nez en l'air et admirer les bougainvilliers en fleurs. FAIRE DES CHOSES QUI NOUS FONT DU BIEN Pour moi, ce n'est pas difficile à deviner, je file à Abu Gosh ! Quelle joie de retrouver ce petit coin de paradis qui n'a jamais été aussi beau, la messe qui nous a tant manqué, les frères et sœurs de la communauté toujours fidèles et paisibles ... ADMIRER LA FAUNE QU REPREND SES DROITS Il faut reconnaître qu'elle en a bien profité ... Je trouve d'ailleurs qu'en Israël, les oiseaux ont pris un peu trop "la confiance". Pas plus tard que la semaine dernière, une corneille a tiré parti d'une absence de quelques minutes pour piquer un bout de poulet dans mon assiette ! Pas eu le temps de l'immortaliser, vous pensez bien. Je vous partage donc quelques souvenirs glanés ces derniers jours. Nous avons fêté la réouverture des Parcs nationaux en faisant une petite virée le long de la rivière Alexander, réputée pour ses énormes tortues. Un bien bel endroit ... Certaines sont d'une taille raisonnable, mais j'avoue que l'énorme tête mouchetée m'a fait un peu peur. J'ai cru au départ que c'était une sorte de congre, mais en eau douce, ce n'était guère possible. C'est bien une tortue ... Drôle de bestiole ! Au bord du lac de Tibériade, qui bat tous les records de hauteur cette année, nous avons aperçu d'adorables bébés daman, sous haute surveillance paternelle et un superbe héron pourpré qui guettait le Saint Pierre : On aperçoit davantage l'oiseau emblématique d'Israël, la huppe fasciée. Celle-ci était tranquillement en train de se prendre un petit bain de poussière, sur le terrain vague où nous garons la voiture. Chacun ses goûts ... J'en profite encore un peu entre deux rendez-vous avec des déménageurs pour établir des devis et des visites de la maison par de futurs locataires. Je souris quand j'entends l'agent immobilier assurer qu'il n'y a aucun problème d'infiltration rue Shazar, juste un souci passager qui devrait être réglé rapidement ... Il ne faut pas avoir fait Centrale pour deviner que c'est loin d'être le cas ! Cela nous donne envie de retrouver très vite notre maison, j'espère qu'on ne va pas déchanter comme les années précédentes ... En tout cas, on n'aura jamais passé des fêtes de l'Indépendance aussi calmes. Yom Haatsmaout avec interdiction de sortir de chez soi, du jamais vu depuis 72 ans ! Bon anniversaire malgré tout à notre pays d'accueil, avec quelques jours de retard :
Cela fait 3 ans que je voulais visiter ce lieu. La raison en est simple : j'ai pris l'habitude de demander à tous les expatriés et pèlerins que je rencontre leur coup de cœur dans ce pays. (Je crois que je n'ai pas eu 2 fois la même réponse, comme quoi ... Les goûts et les couleurs ...) En tout cas je me rappelle très bien d'un pèlerin qui m'avait répondu avoir été particulièrement touché par ce lieu. Grâce à nos rendez-vous peinture à Jérusalem avec Laurence, couplés d'une petite balade à chaque fois, c'est chose faite. Saint Pierre en Gallicante commémore le reniement de Pierre chez Caïphe. Située à l'extérieur des murs de Jérusalem, sur un promontoire rocheux, la vue sur la vieille ville et les environs est à couper le souffle. On peut même apercevoir la Jordanie quand le ciel est clair. (vous voyez la petite ligne montagneuse à l'horizon sur la photo ci-dessus...) Les évangélistes ne sont pas tous d'accord sur le déroulement des événements tragiques survenus la nuit du jeudi Saint. Les historiens non plus. Cela ne m'a jamais vraiment perturbée dans ma foi, j'ai la chance d'avoir celle du charbonnier, ou d'un enfant, comme vous préférez. Ayant beaucoup lu sur ce lieu, je vous livre la version du plus grand nombre, sans du tout être persuadée de détenir la Vérité. Mais l'essentiel n'est pas là... Je préfère vous partager ce qui m'a touchée dans ces lieux chargés d'histoire. De façon mathématique, le Christ a dû descendre cet escalier, présent depuis la période asmonéenne, pour rejoindre le jardin de Gethsémani après son dernier repas au Cénacle. Suite à son arrestation par les gardes, Jésus, couvert de chaînes, a sans doute monté ces marches. On le menait, tel un agneau à l'abattoir, vers le palais de Caïphe, à la lueur des torches, suivi de loin par Simon-Pierre. L'escalier est maintenant fermé au public, car les pierres disparaissaient les unes après les autres. Cela devait se vendre un bon prix au Shuk ! Les fouilles ont mis à jour de nombreux vestiges, ceux d'une demeure entourée de dépendances et de moulins, et, plus tardifs, les ruines de deux églises byzantines et une croisée. Les silos et les mesures de capacité retrouvés s'expliqueraient par le service des dîmes exercé par le grand prêtre à l'époque. En tout cas, Saint Cyrille de Jérusalem décrit cette demeure en l'an 348 comme étant le Palais de Caïphe. L'église, avec ses arches byzantines et ses dômes est touchante. Construite en 1930, sur le terrain acheté par les Assomptionnistes, son nom Gallicum signifie . C'est ici que l'apôtre aurait par 3 fois assuré qu'il ne connaissait pas le Christ, avant que le coq ne chante. A-t-il chanté le soir ou le matin, alors qu'on tirait Jésus de sa prison pour le faire comparaître ? Les outrages chez Caïphe (Matthieu 26,65) (Luc 22,64) Alors le grand prêtre déchira ses tuniques et dit : "Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème." Tous prononcèrent qu'il était passible de mort. Et quelques-uns se mirent à lui cracher au visage, à la gifler et à lui dire : -" Fais-nous le prophète !" Et les valets le bourrèrent de coups. Le Christ aurait passé la nuit dans cette prison, située sous l'église. On le représente descendu par des cordes au fond de la fosse sur une des mosaïques des coupoles extérieures. C'est sans doute là que notre Seigneur a passé sa dernière nuit, sous les quolibets des gardiens, dans la plus grande des solitudes. Homme de douleur, familier de la souffrance ... (Isaïe 55,3) Difficile de s'y recueillir. Les groupes défilent sans discontinuer, et les guides vous virent sans aucune délicatesse. Bon, de toute façon, pas de place pour tout le monde. Voici quelques passages du Psaume offert à la méditation des pèlerins sur le pupitre : PSAUME 87 Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence, Que ma prière parvienne jusqu'à toi, ouvre l'oreille à ma plainte. Car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l'abîme ; On me voit déjà descendre à la fosse, je suis comme un homme fini. Tu m'as mis au plus profond de la fosse, en des lieux engloutis, ténébreux ; Tu éloignes de moi mes amis, tu m'as rendu abominable pour eux ; enfermé, je n'ai pas d'issue A force de souffrir, mes yeux s'éteignent. Je t'appelle, Seigneur, tout le jour, je tends les mains vers toi. Fais-tu des miracles pour les morts ? Leur ombre se dresse-t-elle pour t'acclamer ? Tu éloignes de moi amis et familiers ; ma compagne, c'est la ténèbre. En 1949, un officier anglais remarque une ombre sur le mur. On approche une bougie, et là, une silhouette apparaît. Celle d'un homme à genoux, les bras ouverts, la tête inclinée. On analyse la trace mystérieuse : aucune peinture n'est détectée. Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront. (Luc 19, 40) Au dessus de la fosse, un corps de garde et une prison, avec, dans les cavités rocheuses, des traces de trous pour les anneaux des chaînes. Certains historiens pensent que c'est ici que le Christ aurait été flagellé. Une exposition sur le Saint Suaire, visitée rapidement avec Laurence, donne quelques détails plus précis. Sans vouloir être morbide, il est bon malgré tout, surtout en ce temps pascal, de nous rappeler combien le Christ a souffert pour nous racheter. Voici la reconstitution des fouets utilisés. Je mets fouets au pluriel puisque les bourreaux étaient deux à frapper le Christ à tour de rôle, comme l'indique le dessin réalisé d'après l'étude du linceul de Turin. La couronne d'épines était en fait visiblement plutôt un casque comme celui-ci : Ce chemin est celui du calvaire, commencé le Jeudi Saint, qui se poursuivra dans les ruelles de Jérusalem le long du chemin de croix, pour finir au Golgotha. Voici la superbe croix qui orne le plafond de l'église Saint Pierre, bien visible entre les coupoles.
DE PROFUNDIS : des profondeurs, je crie vers Toi Seigneur. Ps 129 HOMMAGE en couleur La pimpante Fanny, qui dansait encore avec Israël Accueil lors de la fête de Pourim nous a quittés. Elle a tiré sa révérence discrètement, dans son sommeil, et n'aura pas eu à souffrir, elle, du confinement ! A quatre-vingts ans passés, et après une vie bien remplie, elle était de toutes les sorties. Je garde pour ma part un souvenir ému de ses délicieuses sucreries : dates fourrées à la pâte d'amande, mendiants, croquants ... C'était toujours exquis ! La voici à la maison en décembre, occupée à allumer les bougies de Hanouka : A Jaffa, lors de la journée de la Francophonie avec Irina, qui est actuellement en Inde, notre amie Viviane trésorière à Israël Accueil, et ma chère Justine, ma grande copine de cours d'anglais : Interrogée sur I24, voici son témoignage d'enfant caché au début de la guerre. Rescapée de la Seconde Guerre mondiale, elle fait son Alya peu après la création de l'état d'Israël. C'est dire si elle a des choses à raconter ! Ce reportage-là ne passera pas sur Arte, mais il n'y a aucune raison de s'oublier ... Alors nous avons été 5 ces dernières semaines, une véritable aubaine pour Pauline qui a pu se changer les idées au milieu de ses cours et devoirs du CNED. Ruben et Jeanne, dont vous avez admiré les sushis en mars, sont partis en effet hier matin, pour rejoindre les dortoirs d'IDC, situés à 4 kilomètres exactement de la maison. Il faut dire que les cours de l'école américaine en visio vont reprendre lundi matin, et Ruben a des examens bientôt. On oublie donc pour l'instant les après-midis piscine, les jeux de société (petit coup de foudre pour la Scopa, jeu de cartes italien ! Avis aux amateurs ...), la WII, la table de ping-pong et les soirées dégustation ... Allez, je ne vais pas vous mentir, le confinement au 30 Shazar street, il y a pire ! Ça c'est juste pour provoquer tous ceux qui n'ont pas voulu venir nous voir ! Mais certainement pas pour remuer le couteau dans la plaie chez Thierry et Annick qui devaient s'envoler pour Tel Aviv le 30 avril ... Bon. Visiblement, on n'est pas encore partis. Tous les espoirs sont permis quand même. Mon premier challenge "confinement" a été de couper les cheveux d'Antoine. Admirez le résultat, je suis assez fière de moi : Comme vous tous, nous avons passé une étrange semaine Sainte, et fête de Pâques, planqués derrière nos ordis ... Les amis d'Abu Gosh visiblement pensaient bien à nous : - Frère Raphaël a pensé aux vidéos, - Sœur Marie-Joseph a partagé de superbes photos, - Frère Jean-Michel nous a envoyé chaque homélie, - sans parler des mots doux de Mère Marie-Baptiste et Sœur Maryvonne. Nous avons même réussi à avoir une chasse à l’œuf géante le jour de Pâques, organisée par nos invités ! Sportive et inattendue puisqu'il y en avait même au fond de la piscine. On a été grands seigneurs, on a partagé le butin : Mis à part ça, comme il faut bien s'occuper, on se remet à la couture et au yukulélé, on peint, on retombe en enfance ... Maman a fêté (sans nous) ses 93 ans cette semaine. Nous avons essayé de marquer le coup à notre façon, en lui envoyant des petits mots doux et des photos de chacun de nous confiné. Excellente idée, j'ai eu des nouvelles de tout le monde comme cela ! Je vous partage le montage de Marine, que je trouve très réussi. Vous pouvez essayer de jouer au jeu des 4 familles ... Inutile de vous dire que les enfants nous manquent, la famille aussi, et qu'on se verrait bien confiné avec eux histoire de mettre en place quelques "concus" chers aux scouts (concours cuisine), un stage de peinture organisé par Thierry, des cours de couture avec ... Catherine ou Caro, du coaching sportif avec Pacôme, un atelier bricolage avec Moya ... Les enfants loin de nous sont en forme, c'est déjà formidable. Le moral semble bon, et les activités variées : Mais nos pensées vont particulièrement vers notre ami Patrick, bloqué à l'étranger, qui se bat contre ce sale virus, soutenu par sa petite femme. Toutes nos prières les accompagnent, ainsi que leurs 4 enfants. Avec une pensée toute particulière pour ma filleule chérie bien sûr ....
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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