L'AVENTURE TEL AVIV
NOVEMBRE 2019 Je repars quelques mois en arrière ... Vous devez avoir un peu de mal à me suivre. Voici un article commencé début juillet, que j'ai eu bien du mal à terminer. Que de choses à vous raconter encore ! Notre immersion dans le monde ultra orthodoxe est le résultat d'un pari. Vous savez qu'Antoine est parfois joueur ... Tsipy, la charmante comptable qui gère le Lab a pour chef Doron. A chaque fois qu'il croisait Antoine, il lui réclamait un petit cadeau, au grand dam de son employée. Antoine a fini par lui offrir un petit Twizy miniature, qui recèle une clé USB. Mais, en échange, il a réclamé un cadeau un peu spécial ... La visite de Bnei Brak, ville de la banlieue Nord-est de Tel Aviv, où il habite avec son épouse Lior. Désolée pour cette photo prise sur Internet contrairement à mes habitudes, mais la visite a eu lieu de nuit et j'ai essayé d'être discrète ... Ce qui était de toute façon impossible, étant loin du code vestimentaire haredim. Il aurait fallu : - que je porte une perruque - avec collants et ballerines obligatoires - jupe ou robe en dessous du genou - et les bras couverts forcément, même en plein été. Côté masculin, c'est plus facile : il aurait fallu qu'Antoine ait une chemise blanche, un pantalon noir, et une kippa, à défaut d'un grand chapeau. (Cela me rappelle l'anecdote de Laurent-Pierre à Jérusalem, surpris un jour que ses voisins le saluent ... Il a réalisé après coup qu'il avait respecté sans le savoir le code vestimentaire à la kippa près !) Fondée en 1924 par des famille hassidiques de Pologne, la ville constitue aujourd'hui la plus grande concentration au monde de Juifs ultra-orthodoxes avec Jérusalem. Le shabbat notamment, y est scrupuleusement respecté. Nous avons attendu cette visite quelques mois, pour laisser passer les fêtes juives qui s'étalent sur de nombreuses semaines, mais cela valait le coup. Tsipy (à la droite d'Antoine) s'est jointe à nous, car c'était une grande première pour elle aussi. Tant mieux, car elle a pu faire la conversation avec Lior, qui ne parle qu'hébreu, et avec qui je ne pouvais échanger un mot. Nous avons été merveilleusement accueillis, autour d'un somptueux gâteau de fête, crémeux à souhait. Leur appartement, bien que petit, est rutilant : salles de bains en marbre et meubles laqués blanc. Doron nous a confié en souriant que son épouse avait, côté déco, des idées bien arrêtées et que, "Barou'h Hachem"(Dieu merci) il avait un bon salaire ! Je ne pense pas que ce soit le cas des 200 000 familles qui vivent entassées là, avec peu de moyens car le père souvent ne travaille pas, mais étudie la Torah comme il se doit, et chaque foyer accueille entre 7 et 10 enfants en moyenne. Ce qui implique des machines ... de blanc, surtout quand on a beaucoup de garçons. J'ai beaucoup aimé la cabane dépliable pour Sukkot ! Ingénieux, non ? Je n'ai bien sûr pas osé prendre de photo à l'intérieur pour ne pas blesser notre maitresse de maison. Comme vous le savez déjà, certains groupes n'ont accès ni aux informations, ni aux téléphones ou ordinateurs. J'ai été médusée devant la petite taille des chambres d'enfant et leur rangement impeccable, me rappelant du bazar chez les miens ... Je m'en suis ouverte à Tsipy qui m'a glissé à l'oreille que les enfants ultra orthodoxes fréquentent une Yeshiva (centre d'étude de la Torah et du Talmud, dirigée par un rabbin) et n'ont en aucun cas le temps de jouer. Voici la Yeshiva que j'ai réussi à photographier. Assez réputée, on vient d'Amérique pour y étudier. Doron nous a fait découvrir son quartier avec bonheur, et nous avons mieux compris pourquoi il fallait absolument que ce soit un jeudi. Tout le monde est de sortie ! Veille de shabbat, donc repos le lendemain. La coutume est d'aller chercher sa hallah, (brioche traditionnelle pour le dîner du vendredi soir) directement à l'entrepôt. Une véritable usine ! Mais j'avoue ... elle était bonne; choisie avec amour par Antoine. Le clou de la soirée a été notre visite de la "Maison des mariages". Elle ne s'anime que le jeudi soir ici. Un immeuble de cinq étages, illuminé de néons bleus ... Cinq étages : cinq mariages, avec deux entrées bien distinctes : une pour les hommes, l'autre pour les femmes. On ne se mélange pas, même ce jour-là. Il est inenvisageable de ne pas venir saluer les mariés. On vient donc de loin, même juste 1 heure, en donnant au passage une petite participation financière. Ce qui implique un ballet d'invités, valise au bras, montant et descendant les marches. Une vraie volière ! Antoine pose devant l'escalier réservé aux hommes. (J'avoue qu'on avait fait fort côté code couleur ...) Chacun arbore une tenue de fête au charme suranné, je me sens légèrement ridicule avec mon jean et mes sandales ... Pour clôturer la soirée, nous sommes allés dans une sorte de drugstore pour une dégustation de spécialités ashkénazes. La plupart des recettes demandent des heures de cuisson, et il semblerait que les jeunes cuisinières voulant présenter des plats traditionnels pour le repas de shabbat se ravitaillent souvent ici. Voici quelques noms notés au vol : (orthographe plus qu'approximative !) - le CHOULENT, marmite de viande aux haricots blancs et à l'orge - le KUGEL, gâteau de nouilles ou de pommes de terre - le TSAHAVA, terrine de poisson Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de découvrir le fameux GEFILTE FISH, une carpe farcie traditionnellement proposée pour Pessah. Eh oui, nous avons laissé Benny et Elisabeth la manger tous seuls, chacun confiné dans son coin cette année ... : (( Doron et Lior surveillaient discrètement ma tête lors de notre dégustation. Eh bien je me suis régalée ! Beaucoup d'ail et d'oignon, plein de saveurs nouvelles, des épices et des herbes, je suis fan ... mais bien incapable de reproduire les recettes.
Nous sommes repartis les bras chargés de victuailles, avec une belle bougie de shabbat en prime, et surtout l'impression d'avoir plongé dans un autre monde le temps d'une soirée ...
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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