L'AVENTURE TEL AVIV
C'est le Père Cabaret qui le dit, de son éminente position de professeur à l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem : il n'existe aucun lieu qui corresponde davantage à celui de la Passion de notre Seigneur. La tradition chrétienne l’authentifie sans interruption depuis l'Antiquité. Reprenons donc la chronologie des lieux : Une carrière à flanc de colline Utilisée depuis le VIIIe siècle avant JC, elle est abandonnée au moment de l'exil des Juifs à Babylone, vers 586 av JC. Son exploitation reprend avec le retour des Hébreux, pour être à nouveau abandonnée au Ier siècle av JC : la ville s'est agrandie, et il faut aller chercher la fameuse pierre de Jérusalem, la malaki, un peu plus loin. Le mont Golgotha correspond à un filon trop friable pour être exploité, c'est pour cela qu'il se dresse dans l'espace évidé de la carrière. On peut encore voire les stries des coups de pioche dans la chapelle Sainte Hélène, sur le mur de droite. Quelques 15 ans après la mort du Christ, le lieu est intégré à la ville, qui s'agrandit encore. Un Temple païen Alors que Jérusalem est devenu colonie romaine, l'empereur Hadrien met un point d'honneur à détruire toute trace de culte juif et judéo-chrétien au lendemain de la révolte de Bar-Kokhba, en 135. Le lieu est aplani et comblé, transformé en forum, et on y adore Vénus et Jupiter. La vénération du lieu saint se poursuit pourtant de manière clandestine. Un graffiti datant du IIIe siècle, situé dans la chapelle arménienne, l'atteste : "Dominus ivimus" ("Seigneur, nous sommes venus"), agrémenté d'un navire romain peint à l'encre noire. Une rotonde pour tombeau Avec l'empereur Constantin, l'empire romain devient chrétien. C'est la fin des persécutions, et le début de la liberté de culte. Sous la direction de l'évêque de Jérusalem, Macaire, des fouilles sont entreprises afin de retrouver le tombeau du Christ. Une fois dégagé, et sans doute identifié grâce aux nombreux graffiti, il le fait recouvrir de marbre, et l'entoure d'une rotonde ajourée de fenêtres. Une longue basilique occupe l'ancienne esplanade, entourée d'un cloître. Ses mosaïques sont d'une telle splendeur, qu'elle est paraît-il à l'origine de la construction du dôme du Rocher ... Nous n'en dirons pas plus. Les heures sombres Inaugurée en 335, elle est détruite par les Perses en 614, avec toutes les églises de la ville. 90000 chrétiens vont être massacrés pour leur foi, sous le joug des Perses et des Juifs. Leurs corps sont jetés dans la piscine de Mamilla. Pensez-y lorsque vous vous garez sur le parking du même nom aujourd'hui ... Le Saint Sépulcre est reconstruit à l'identique par Héraclius lorsqu'il reprend la ville, mais Jérusalem est reprise par les musulmans en 636. Le Sultan va laisser la liberté de culte en échange d'un impôt, mais les chrétiens doivent entretenir la basilique. Les pèlerinages sont peu à peu interdits, et le Tombeau du Christ détruit en 1009 : il faut en "éliminer toute trace et mémoire". Cela déclenchera la 1ère croisade, démarche tout à fait légitime donc. Imaginons juste l'espace d'un instant raser la Kaaba ... L'église romane des croisés Il fallait délivrer le tombeau du Christ avant qu'il n'en reste plus pierre sur pierre. Les croisés ne trouvent que ce que l'Empereur byzantin Constantin Monomaque a réussi à restaurer : le cloître et le Golgotha. On reconstruit donc une église romano-gothique, à la française. C'est la façade du Saint Sépulcre telle qu'on la voit aujourd'hui, contemporaine de Notre Dame de Paris ... Les restes du tombeau originel du Christ sont ensevelis, eux, sous le tombeau actuel. Les années de désolation En 1187, Saladin tient Jérusalem. Les chrétiens ont la liberté de culte, mais interdiction d'entretenir les lieux. Toutes les portes et fenêtres sont murées, à l'exception d'une entrée. Elle suffirait bien, aurait-il dit, pour le peu de chrétiens qui subsistent ! Le clocher est rasé, car il domine les minarets alentour, et ... menace de s'écrouler. Les clés sont confiées à une famille musulmane (dont les descendants en ont toujours la garde, si vous avez suivi !) et qui se doit de prélever une taxe pour son ouverture. Une colocation difficile mais à l'image de la chrétienté universelle C'est peu à peu que les premiers franciscains accepteront de se laisser enfermer au Saint Sépulcre, afin d'y garder une présence priante. C'est en effet la solution qu'ont trouvé les religieux : à défaut de pouvoir en payer l'entrée régulièrement, ils sont prêts à y vivre enfermés pour continuer à vénérer les lieux. Sans doute espèrent-ils que la ville de Jérusalem sera bientôt libérée par une nouvelle croisade ... Ils sont rejoints par d'autres communautés déjà à l'époque de François 1er : Syriaques, Coptes, Arméniens, Grecs orthodoxes, Latins, Éthiopiens se partagent tant bien que mal l'espace pourtant réduit. Popes, Popes, Popes ... Avec l'avènement de l'Empire ottoman dont ils étaient les sujets, les grecs orthodoxes prennent peu à peu possession des lieux. Tant et si bien qu'ils détiennent bientôt la quasi totalité de l'édifice. (80%) Suite à un grand incendie en 1808, ils remplacent la chapelle construite par les franciscains au dessus du tombeau par l'édifice baroque que nous connaissons aujourd'hui, profanent les tombeaux des rois croisés ... Et des murs s'élèvent, coupant par exemple le transept de l'église romane, afin d'aménager une iconostase côté orthodoxe. C'est ainsi que l'œil averti du Père Cabaret nous fait observer ces chapiteaux de toutes les époques, côte à côte, vaillants témoins d'une histoire bien mouvementée ... Modus vivendi
En 1852, un sultan, lassé de devoir statuer sur les querelles des différentes communautés, décide d'imposer un Statu quo intangible. L'usage fait la loi. C'est depuis ce jour que les us et coutumes des différentes confessions religieuses, basées sur les traditions orales de l'époque, sont entérinées pour toujours ... Sources de querelles bien difficiles à éteindre, lorsque 6 familles se partagent la même maison, sombre, humide, et mal fagotée ! Mais que tout ceci ne nous fasse pas oublier ce qui s'est passé en ces lieux : Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre. Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s'assit. Il avait l'aspect de l'éclair, et sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d'effroi et devinrent comme morts. Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : "Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples : Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà qu'il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit. (Mt 28, 1-7)
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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