L'AVENTURE TEL AVIV
Dans le cadre des activités proposées par Israël Accueil, nous avons bénéficié de deux visites passionnantes de Tel Aviv. L'une d'entre elles était guidée par une amie architecte, Dhalia, qui a fait son Alyah il y a quelques années, après avoir vécu longtemps à Paris. Pour les non initiés, l'Alyah est le "retour au pays" en quelque sorte, des juifs de la diaspora, l'acte d'immigration en Terre d'Israël (Eretz Israël, en hébreu). Emportés par sa verve et son éternelle bonne humeur, nous l'avons suivie du vieux quartier de Neve Tzedek jusqu'au célèbre boulevard Rothschild, l'équivalent de nos Champs Elysées français. Nous sommes en 1887. La ville de Jérusalem, dont la population croit rapidement, devient trop petite, encerclée au milieu de ses remparts. De plus, les juifs de Jaffa souffrent. Une loi vient d'être promulguée, les obligeant à changer de maison tous les ans ... L'idée s'est imposée peu à peu : construire une nouvelle cité, en bord de mer, la première ville juive moderne du monde. C'est aussi l'histoire d'un juif ashkénaze, marié à une juive séfarade, et devant fuir Jérusalem ... Il installe sa douce dans une jolie orangeraie aux portes de Jaffa, mais la belle s'ennuie. Le terrain est inoccupé. Il l'aurait donc proposé gratuitement aux pionniers avec obligation de construire dessus les premières maisons en moins d'un an. Voici donc l'origine, sans doute un peu romancée, de ce petit quartier, près de l'antique ville arabe de Jaffa, alors entourée de remparts et de dunes. Shimon RoKach, dont nous pouvons encore visiter la maison, y tint un rôle prépondérant, gérant avec beaucoup de dévouement ce petit village juif sur une terre sous occupation ottomane rassemblant une cinquantaine de familles. La petite histoire raconte aussi que les premières vagues d'immigration à la fin du XIXe siècle étaient constituées plutôt de juifs citadins, dont la motivation était religieuse. Confrontés aux conditions de vie difficile, obligés de travailler une terre ingrate sans aucune expérience, beaucoup seraient repartis vers la côte desepérés, pour attendre un bateau. Et finalement, seraient restés là, aux portes de Jaffa ... La petite fille de Shimon Rokach, Lea Majaro Mintz, a réussi à sauver la maison de son grand-père de la démolition. Transformée en musée, cette vielle bâtisse rassemble ses œuvres, représentant la femme émancipée, vue de l'intérieur ... Tout un programme ! Et retrace l'histoire de sa famille, étroitement liée avec ce premier quartier qui donnera naissance ensuite à Tel Aviv. Très entreprenant, Shimon est choisi pour devenir le chef de la petite communauté en développement. Il fait construire un hôpital, une école, une bibliothèque et développe également la plantation d’oranges le long de la rivière Yarkon . Il met en place un système de production et d’exportation des oranges vers l’Europe. Et prend également soin d’accueillir les nouveaux immigrants qui débarquent sur le port de Jaffa. Un peu plus tard, son neveu deviendra le deuxième maire de la ville de Tel Aviv. Dans ce tout petit village, qui ne comporte que deux rues, on dénombre pas moins de 3 lieux de culte. Deux ashkénazes (juifs d'Europe de l'est) et un séfarade (juifs venant d'Afrique du nord). C'est qu'on ne se mélange pas ... Cette reproduction de synagogue telle qu'on pouvait la voir à l'époque se trouve dans l'exposition située rue Lilienblum, sur la communauté juive d'Aden, venue du Yemen. C'était une communauté aisée, aux manières européennes, ayant rejoint Israël par conviction religieuse à la fin du XIXe siècle. Une des synagogues ashkénaze se trouve d'ailleurs au premier étage du musée. Au début des années 1900, Neve Tsedek s'agrandit. Les maisons sont dotées d'un étage et entourées de jardins. Les ruelles sont plus larges qu'à Jérusalem et Jaffa, il y fait bon vivre. Des artistes, des écrivains, tombent amoureux de son charme verdoyant et de son atmosphère de village. L'artiste Nahum Gutman notamment, qui nous laisse de jolies œuvres naïves et colorées sur cette époque. (Le musée présentant ses toiles est d'ailleurs installé au cœur de Neve Tsedek.) Le voici, derrière notre groupe : Un autre endroit à ne pas rater, avant d'aller manger une glace chez Anita rue Shabazi, est le Centre Suzanne Dellal. Installé dans une des premières écoles enseignant l'hébreu, c'est un haut lieu de la danse et du théâtre à Tel Aviv aujourd'hui. Sur une petite place plantée d'orangers, 3 mosaïques retracent l'histoire de ce joli quartier qui retrouve peu à peu son faste d'antan, après des années d'abandon.
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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