L'AVENTURE TEL AVIV
Visite programmée avec Israël Accueil depuis longtemps, je me fais un peu violence ce matin pour sortir de la maison : on vient de m'arracher une dent de sagesse la veille, et la tempête fait rage au dehors. Pluie et grêle, violents coups de vent, routes inondées ... Allez, courage, je suis censée honorer mes engagements : nous avons rendez-vous au sud de Tel Aviv, dans le quartier peu attrayant de Shapira avec une association qui vient en aide aux femmes réfugiées en provenance d'Afrique, essentiellement du Soudan et d'Erythrée. Ce quartier est finalement bien choisi, car la fin de leur calvaire est souvent la gare, située tout près ... Mes (tous petits) efforts me paraissent bien dérisoires ... voire mesquins deux heures plus tard. La jeune femme qui nous accueille, très avenante, est bénévole dans l'association. Elle lève pour nous un voile pudique sur le sort de ces femmes, qui ne peuvent poser de mots sur les souffrances subies. Cela me rappelle tellement nos jeunes filles de l'Oustal ... La thérapie, inaccessible, se fera à la mode africaine : en retrouvant un peu de chaleur humaine dans ce petit local minuscule, à travers les gestes rassurants de la cérémonie du café, et en participant à un projet commun. Violences sexuelles, harcèlement et torture, rien n'est épargné à ces femmes qui fuient la guerre ou la famine. Souvent seules, avec des enfants malades, enfermées dans un mutisme qui en dit long sur ce qu'elles ont traversé dans les camps où elles sont parquées à la frontière, elles ne peuvent travailler au noir comme la plupart des réfugiés de sexe masculin. L'actualité, malheureusement, vient de les projeter tous sur le devant de la scène : "Le gouvernement demande aux migrants en situation irrégulière de quitter le pays avant fin mars, avec 3000 euros et un billet d'avion. S'exprimant au début d'une réunion de son cabinet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est félicité de la mise en place de ce projet destiné à "faire partir les migrants entrés illégalement". Ceux-ci ont jusqu'à la fin mars pour quitter Israël, faute de quoi ils seront emprisonnés pour une durée indéterminée. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 38.000 personnes sont concernées, en majorité des Érythréens et des Soudanais. Les migrants qui accepteront de partir se verront remettre un billet d'avion et près de 3000 euros. Le gouvernement israélien reconnaît tacitement que les Soudanais et les Érythréens ne peuvent pas retourner chez eux dans le cadre de ce programme" ... Sources : BFM TV Le premier pays à leur ouvrir ses frontières est le Canada paraît-il. Toutes savent bien qu'Israël n'est qu'une étape dans leur migration ... Catholiques pour la plupart, on me parle d'une messe à Saint Antoine de Jaffa, où elles se retrouvent avec toute la communauté africaine des environs. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! J'y ai participé avec grande joie samedi dernier, sans pourtant retrouver les beaux visages des jeunes femmes aperçues ce jour-là. Kuchinate, qui signifie crochet en Tigrinya (la langue principale en Erythrée), est une initiative de Diddy Mymin Kahn, psychologue clinicienne israélienne élevée en Afrique du Sud qui s'est intéressée aux problématiques de viols et abus sexuel des femmes érythréennes en demande d'asile. Avant de fonder Kuchinate en 2011, Mymin Kahn a passé cinq ans en tant que coordinatrice sociale et psychologique pour le Centre de Développement des Réfugiés Africains de Tel Aviv. Elle est accompagnée de nombreux bénévoles dont la Soeur Aziza, infirmière, qui a été la première personne à lever le voile et alerter les autorités internationales sur les tragédies du Sinaï. (Merci Raphaëlle ! Le petit Journal de Tel Aviv) Après plusieurs essais infructueux de fabrication d'objets divers et variés, c'est cette idée de paniers et tapis en crochet à base de tissu recyclé, qui leur a permis de perdurer. On a toujours besoin d'un petit panier chez soi ! Et les couleurs chatoyantes nous font de l’œil. Les femmes les plus expertes animent des ateliers de formation pour les nouvelles arrivées, qui peuvent repartir travailler de chez elles dès que la technique est maîtrisée. Elles reçoivent la moitié du prix de leur travail, l'autre moitié permettant de faire vivre l'association et assurer un peu de publicité. Des ventes sont assurées chez des particuliers, sur les marchés, ou sur place. Vous pouvez même organiser un anniversaire pour vos enfants, qui repartiront avec leur oeuvre ! De 35 à 600 NIS. Une affaire qui marche, puisque les recettes ont augmenté de plus de 600% en 5 ans. Longue vie à Kuchinate ! Et pourquoi pas une idée de bénévolat pour moi l'année prochaine, quand Raphaëlle m'aura abandonnée ... : )) Je ne regretterai certainement pas cette matinée, même si j'ai trouvé le 1er étage inondé à mon retour ...
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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