L'AVENTURE TEL AVIV
Petite pause fraîcheur à Abu Gosh Notre deuxième visite de Jérusalem était plus encadrée : partis en bus de Tel Aviv à 8 heures pour éviter les bouchons, nous avons commencé par une jolie pause à Abu Gosh. Le frère Olivier nous a accueillis avec son air jovial pour nous faire visiter les lieux, et nous a appris que ce terrain avait été offert à la Xème légion romaine en remerciement de la prise de la forteresse de Massada. Il nous fait remarquer que la température y est toujours constante. Grâce à ses murs jusqu'à 4 mètres d'épaisseur (plus que dans la maison Pietri !), les touristes pensent que l'église est chauffée pour la messe de Noël ... Ce merveilleux frère qui parle français, arabe et hébreu (au moins) accueille tous les ans les jeunes militaires filles et garçons pour leur faire découvrir le monastère et surtout la vie des moines. Il oeuvre de toutes ses forces pour la paix, ce qui n'est pas un mot vide de sens ici : un monastère catholique, dans un village arabe, au cœur d'un pays juif ... Le frère Olivier a été invité par un rabbin de ses amis à Jérusalem pour témoigner auprès de jeunes garçons d'une école rabbinique. Peu réceptifs au départ, il a obtenu un silence médusé en arrivant par une porte dérobée en chantant un psaume bien connu des enfants en hébreu. Et le rabbin est arrivé en face de lui en chantant le même ... C'est sans doute difficile à comprendre, mais les israéliens souvent ignorent totalement les liens très forts existant entre nos deux religions. Je vous laisse en écouter quelques notes via le lien ci-après à coller dans votre navigateur : https://goo.gl/photos/4nE5vUYLDkApyhAs6 ou en téléchargeant le fichier ci-dessous :
Nous avons pu admirer la crypte, contenant plusieurs petites chapelles. C'est là que les frères tiennent leur chapitre. En son centre, une source qui murmure. Dans ce pays désertique il y a encore quelques dizaines d'années, on peut imaginer son prix ! C'est en puisant à cette source que frère Olivier arrive à irriguer les arbres et massifs de fleurs du mémorial dédié à Jean-Marie Lustiger. Et quel travail ... Entre 4 et 5 heures, plusieurs fois par semaine. Il s'en plaint d'ailleurs régulièrement au Père Abbé. «Je suis né juif, j’ai reçu le nom de mon grand-père paternel, Aron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les apôtres. J’ai pour saints patrons Aron le Grand Prêtre, Saint Jean l’Apôtre et Sainte Marie pleine de Grâce. Rien n’est impossible à Dieu.» Cardinal Jean-Marie Aron Lustiger Le quartier juif ultra orthodoxe Faisons un peu de vocabulaire ! Orthodoxe signifie "ce qui est conforme à une doctrine, considérée comme étant la seule vraie." Il y a donc des orthodoxies de toute sorte ... Ces Haredim (du mot harada, peur) représentent un tiers de la population de Jérusalem. Le haredi est celui qui est terrifié à l'idée de violer une des 613 mitzvot, les commandements de la Torah. La menace est permanente. Pour ne pas y succomber, il faut vivre en groupe, dans des quartiers à part, sous la stricte direction du rabbin auquel on est rattaché. Opposés au mouvement sioniste et à la création de l'état d'Israël, ces religieux pensent que Dieu a détruit le royaume d'Israël pour punir le peuple juif, et seul le Messie pourra le recréer. La vie en terre sainte est possible, mais toute tentative autonome de créer un état est une révolte contre Dieu. Ils réfutent également la présence de touristes à Jérusalem. La vision fondamentale des haredim est que le monde qui les entoure est une source permanente de perversion. Ils n'ont donc pas la télévision, et souhaitent se protéger en restant entre eux afin de mieux lutter contre l’hyper sexualisation de notre société. - La femme doit avoir une tenue "pudique", qui implique de cacher aux hommes autres que son mari sa féminité. Il lui faut donc cacher ses cheveux sous une perruque, un bonnet ou un turban, couvrir sa peau à l'aide de collants et de vêtements à manches longues, et porter des couleurs sombres. - L'homme porte la plupart du temps une tenue noire, en signe d'humilité et un chapeau à larges bords, pour indiquer son statut. D'autres communautés ont gardé la tenue de leurs ancêtres, le plus souvent issus d'Europe centrale, comme ces chapeaux de fourrure, les schtreimels, portés les jours de fête. L'homme doit se consacrer uniquement à l'étude du Talmud. C'est donc souvent la femme qui travaille, laissant sa nombreuse progéniture à la garde des aînés. Le niveau socio-économique de cette partie de la population est très bas, et bénéficie d'aides de l'état, ce qui complique les relations : difficile d'accepter de l'aide de quelqu'un qu'on doit combattre. Mais ces aides tendent à diminuer, et de plus en plus d'haredim sont contraints de travailler. - Tout contact entre un homme et une femme est interdit, mis à part dans le cadre familial. (C'est ainsi qu'un homme religieux portant juste la kippa et parlant français, ravi de discuter avec Antoine et moi lors de nos courses dans un magasin a refusé de me serrer la main en expliquant sans me regarder que c'était par respect pour moi.) Il faut juste le savoir ! J'ai essayé de les prendre en photo très discrètement, courant pour attraper leur bus, je vous explique pourquoi un peu plus bas : Pour visiter ce quartier, du nom de Méa Shéarim, mieux vaut être avec un guide à mon avis. Nous étions prévenus, il nous fallait avoir les jambes et les bras couverts; nous avions donc un châle pour mettre sur nos épaules. Malgré cela, un habitant nous a fait des réflexions car on apercevait nos chevilles, et un petit garçon de 3 ans, pas plus, nous a insultées du haut de son balcon.
Lag Ba'omer Cette fête est célébrée en mai. Et pour les étrangers que nous sommes, la tradition d'allumer partout de grands feux, alors que la température avoisine déjà les 30°, nous surprend un peu. Dans Herzliya et Tel Aviv, les enfants font même griller des chamalows à la sortie des classes, ce qui ne se fait certainement pas à Jérusalem ! On fête ce jour-là le départ vers le ciel de Rabbi Shimon, au mont Méron. Les familles que nous avons croisées partaient toutes en pèlerinage vers son mausolée, les bras chargés de victuailles. Ayant apporté la lumière au monde par ses écrits, sa mort est donc célébrée à l'aide de grands feux de joie, allumés un peu partout. Les parents réalisent ce jour-là la première coupe de cheveux de leurs fils à l’âge de trois ans, laissant bien sûr les papillotes pousser sur le côté. Les mèches de cheveux sont ensuite jetées dans le brasier.
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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