L'AVENTURE TEL AVIV
Je reprends la plume pour la suite de nos aventures, et aussi ... pour laisser Mathilde récupérer de ses fatigues ! Frère Jean-Michel nous a convié à une conférence tout à fait passionnante sur les conclusions d'une étude menée par un groupe de 4 archéologues autour de l'histoire et des fresques d'Abu Gosh : Passionnant, mais ... certainement un peu trop technique pour la plupart d'entre nous. Soyons humble, surtout pour moi ! Qu'importe, je vous livre quelques notes prises au vol, nos 4 interlocuteurs parlant extrêmement vite, et dans le noir le plus complet. Je me permets donc de compléter avec des informations de source sûre, provenant du site du monastère : - Fondé au moins 6000 ans avant JC, le village d’Abu Gosh s’est construit autour d’une source qui abonde tout au long de l’année, et sur une terre très fertile. Les documents les plus anciens font état de cultures diverses : blé, huile, froment, fèves, olives ... - Abu Gosh est situé sur la colline qui aurait porté l'Arche d'Alliance au temps du Roi David (1 Rois). - C’est en ce lieu que la mémoire chrétienne de Terre Sainte fait commencer le «chemin d’Emmaüs» qui conduira les deux disciples découragés vers la rencontre du Ressuscité (Luc 24). Il existe un autre lieu présumé d'Emmaüs, pour les byzantins, situé à Nicopolis, près de Latrun. Deux mystiques ayant attesté la véracité des faits pour ces deux lieux, je vous laisse seul juge ... "Venez et voyez ! " - L'invasion romaine voit la source aménagée en une citerne reliée à un aqueduc, avec des bassins encore visibles aujourd'hui puisque cette partie a été réutilisée pour la crypte de l'église. Un système fort ingénieux permettait d'en bloquer tous les accès pour démultiplier la capacité de la citerne en période de sécheresse. Ils ne sont pas toujours fous, ces romains ... - Pendant la période byzantine, les califes de Bagdad construisent ici un caravansérail, dont les restes fournissent les bases d’une structure encore visible autour du monastère. -Commandée par l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean (devenu Ordre de Malte), une hôtellerie voit le jour sur un axe qui deviendra le chemin des pèlerins vers Jérusalem depuis la côte. Un couvent est accolé à l'église forteresse, bâtie sur la source, qui permettait de protéger les pèlerins et le moines en cas d'attaque. Juste pour votre information : le site du monastère situe la création du caravansérail sur les restes du couvent croisé, et non l'inverse. Il semblerait que les recherches de ces 4 archéologues prouvent le contraire. L'exposé de notre spécialiste sur les fresques, malgré (ou à cause de !) sa grande culture et mon intérêt très vif pour ce sujet, ne m'a pas permis de retenir grand chose ... Je vous présente ici toutes mes excuses. : )) J'ai tout de même compris qu'elles étaient de type byzantin, comme à Bethléem. Exécutées par des iconographes grecs orthodoxes, elles seraient typiques de la peinture comnène du XII ème siècle. (sous l'empereur Manuel Comnène) Les multiples invasions n'ont pas permis de terminer l'ensemble, et seules les 3 absides sont peintes, autour du thème du Jugement dernier : - Une Deisis dans l'abside nord : La Vierge et Jean-Baptiste entourant le Christ, et priant pour le salut des chrétiens - Une Anastasis dans l'abside centrale, où la descente du Christ aux enfers préfigure sa résurrection - et dans l’abside sud, le Sein d’Abraham, représentation des Trois Patriarches, symbolise le Paradis. Sur les deux murs latéraux : - La dormition de la mère de Dieu au nord - La Crucifixion au sud. Puis s’installeront des familles musulmanes qui créeront, proprement dit, le village d’Abu Gosh, et qui contrôleront longtemps ce lieu de passage des pèlerins, avant d’être elles-mêmes confrontées au XXème siècle à un nouveau défi : la présence juive et les heurts du conflit israélo-arabe. On ne peut imputer de façon certaine à ces deux religions la disparition des visages, qui ont été grattés. Il faut malgré tout rappeler que toute représentation divine y est proscrite. C'est donc un lieu où Juifs, Chrétiens et Musulmans se rencontrent encore aujourd'hui, et les moines et moniales ont à cœur d'accueillir chacun, de nationalités et origines diverses. Pour l'anecdote, le monastère se trouve en terre française. En effet, en 1873, ce terrain a été offert gracieusement par le sultan à la France (ainsi que l'église Sainte Anne de Jérusalem) après les massacres de Chio.
1 Commentaire
MARIE NOELLE CONDE LUCENTE
10/16/2017 01:01:00 pm
Tres bonne prose tout à fait accessible. Il faut juste du temps pour lire avec bonheur, et s'instruire à cette source généreuse qu'est ce blog familial qui s'ouvrent à autrui!
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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