L'AVENTURE TEL AVIV
C'est le Père Cabaret qui le dit, de son éminente position de professeur à l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem : il n'existe aucun lieu qui corresponde davantage à celui de la Passion de notre Seigneur. La tradition chrétienne l’authentifie sans interruption depuis l'Antiquité. Reprenons donc la chronologie des lieux : Une carrière à flanc de colline Utilisée depuis le VIIIe siècle avant JC, elle est abandonnée au moment de l'exil des Juifs à Babylone, vers 586 av JC. Son exploitation reprend avec le retour des Hébreux, pour être à nouveau abandonnée au Ier siècle av JC : la ville s'est agrandie, et il faut aller chercher la fameuse pierre de Jérusalem, la malaki, un peu plus loin. Le mont Golgotha correspond à un filon trop friable pour être exploité, c'est pour cela qu'il se dresse dans l'espace évidé de la carrière. On peut encore voire les stries des coups de pioche dans la chapelle Sainte Hélène, sur le mur de droite. Quelques 15 ans après la mort du Christ, le lieu est intégré à la ville, qui s'agrandit encore. Un Temple païen Alors que Jérusalem est devenu colonie romaine, l'empereur Hadrien met un point d'honneur à détruire toute trace de culte juif et judéo-chrétien au lendemain de la révolte de Bar-Kokhba, en 135. Le lieu est aplani et comblé, transformé en forum, et on y adore Vénus et Jupiter. La vénération du lieu saint se poursuit pourtant de manière clandestine. Un graffiti datant du IIIe siècle, situé dans la chapelle arménienne, l'atteste : "Dominus ivimus" ("Seigneur, nous sommes venus"), agrémenté d'un navire romain peint à l'encre noire. Une rotonde pour tombeau Avec l'empereur Constantin, l'empire romain devient chrétien. C'est la fin des persécutions, et le début de la liberté de culte. Sous la direction de l'évêque de Jérusalem, Macaire, des fouilles sont entreprises afin de retrouver le tombeau du Christ. Une fois dégagé, et sans doute identifié grâce aux nombreux graffiti, il le fait recouvrir de marbre, et l'entoure d'une rotonde ajourée de fenêtres. Une longue basilique occupe l'ancienne esplanade, entourée d'un cloître. Ses mosaïques sont d'une telle splendeur, qu'elle est paraît-il à l'origine de la construction du dôme du Rocher ... Nous n'en dirons pas plus. Les heures sombres Inaugurée en 335, elle est détruite par les Perses en 614, avec toutes les églises de la ville. 90000 chrétiens vont être massacrés pour leur foi, sous le joug des Perses et des Juifs. Leurs corps sont jetés dans la piscine de Mamilla. Pensez-y lorsque vous vous garez sur le parking du même nom aujourd'hui ... Le Saint Sépulcre est reconstruit à l'identique par Héraclius lorsqu'il reprend la ville, mais Jérusalem est reprise par les musulmans en 636. Le Sultan va laisser la liberté de culte en échange d'un impôt, mais les chrétiens doivent entretenir la basilique. Les pèlerinages sont peu à peu interdits, et le Tombeau du Christ détruit en 1009 : il faut en "éliminer toute trace et mémoire". Cela déclenchera la 1ère croisade, démarche tout à fait légitime donc. Imaginons juste l'espace d'un instant raser la Kaaba ... L'église romane des croisés Il fallait délivrer le tombeau du Christ avant qu'il n'en reste plus pierre sur pierre. Les croisés ne trouvent que ce que l'Empereur byzantin Constantin Monomaque a réussi à restaurer : le cloître et le Golgotha. On reconstruit donc une église romano-gothique, à la française. C'est la façade du Saint Sépulcre telle qu'on la voit aujourd'hui, contemporaine de Notre Dame de Paris ... Les restes du tombeau originel du Christ sont ensevelis, eux, sous le tombeau actuel. Les années de désolation En 1187, Saladin tient Jérusalem. Les chrétiens ont la liberté de culte, mais interdiction d'entretenir les lieux. Toutes les portes et fenêtres sont murées, à l'exception d'une entrée. Elle suffirait bien, aurait-il dit, pour le peu de chrétiens qui subsistent ! Le clocher est rasé, car il domine les minarets alentour, et ... menace de s'écrouler. Les clés sont confiées à une famille musulmane (dont les descendants en ont toujours la garde, si vous avez suivi !) et qui se doit de prélever une taxe pour son ouverture. Une colocation difficile mais à l'image de la chrétienté universelle C'est peu à peu que les premiers franciscains accepteront de se laisser enfermer au Saint Sépulcre, afin d'y garder une présence priante. C'est en effet la solution qu'ont trouvé les religieux : à défaut de pouvoir en payer l'entrée régulièrement, ils sont prêts à y vivre enfermés pour continuer à vénérer les lieux. Sans doute espèrent-ils que la ville de Jérusalem sera bientôt libérée par une nouvelle croisade ... Ils sont rejoints par d'autres communautés déjà à l'époque de François 1er : Syriaques, Coptes, Arméniens, Grecs orthodoxes, Latins, Éthiopiens se partagent tant bien que mal l'espace pourtant réduit. Popes, Popes, Popes ... Avec l'avènement de l'Empire ottoman dont ils étaient les sujets, les grecs orthodoxes prennent peu à peu possession des lieux. Tant et si bien qu'ils détiennent bientôt la quasi totalité de l'édifice. (80%) Suite à un grand incendie en 1808, ils remplacent la chapelle construite par les franciscains au dessus du tombeau par l'édifice baroque que nous connaissons aujourd'hui, profanent les tombeaux des rois croisés ... Et des murs s'élèvent, coupant par exemple le transept de l'église romane, afin d'aménager une iconostase côté orthodoxe. C'est ainsi que l'œil averti du Père Cabaret nous fait observer ces chapiteaux de toutes les époques, côte à côte, vaillants témoins d'une histoire bien mouvementée ... Modus vivendi
En 1852, un sultan, lassé de devoir statuer sur les querelles des différentes communautés, décide d'imposer un Statu quo intangible. L'usage fait la loi. C'est depuis ce jour que les us et coutumes des différentes confessions religieuses, basées sur les traditions orales de l'époque, sont entérinées pour toujours ... Sources de querelles bien difficiles à éteindre, lorsque 6 familles se partagent la même maison, sombre, humide, et mal fagotée ! Mais que tout ceci ne nous fasse pas oublier ce qui s'est passé en ces lieux : Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre. Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s'assit. Il avait l'aspect de l'éclair, et sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d'effroi et devinrent comme morts. Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : "Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples : Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà qu'il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit. (Mt 28, 1-7)
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C'est au petit matin qu'il faut le découvrir ... De toute façon, le muezzin est particulièrement sonore à 4h45. Alors, pourquoi rester au lit lorsque les petites ruelles étroites du souk sont toutes à vous ? Nous avions rendez-vous avec le Père Marie-Dominique Cabaret pour une messe privative au Golgotha, à 8h, mais il était tentant de s'y promener avant l'afflux de touristes qui débarquent par centaines de cars tous les matins aux portes de Jérusalem. Nous avons donc contemplé la vieille ville encore endormie, à partir de la terrasse du couvent de l'Ecce Homo où nous avons passé la nuit ... ... pour déambuler ensuite dans les rues pavées (et souvent encombrées encore des détritus de la veille) afin d'arriver à l'aube au Saint des Saints. Belle expérience que de dormir à l'abri des remparts ! On se sent un peu moins intimidé, si c'est possible ... Et on apprivoise petit à petit cet incroyable labyrinthe. Pour découvrir le Saint Sépulcre vide ! La remise des clés se fait pourtant à 4h du matin, tous les jours, de façon extrêmement ritualisée : c'est une famille arabe qui en est la gardienne depuis des générations, afin d'éviter tout monopole entre les communautés en présence. Descendant de Nuseibeh, qui combattit aux côtés de Mahomet, il est le portier de la loge la plus lucrative de l'histoire. Au coucher du soleil, il monte sur une échelle pour fermer le loquet du haut, et repasse l'échelle par une trappe aménagée dans la porte de la basilique, en présence du sacristain de chacune des communautés qui se partagent les lieux : franciscaine, grecque orthodoxe, et arménienne. On lui repassera l'échelle à 4h du matin le lendemain, pour l'ouverture du Saint Sépulcre. Les messes se succèdent ensuite toutes les 1/2 heure, selon une savante alternance. Mais gare aux oublis ... Si une messe n'est pas célébrée un seul jour, la communauté perd à tout jamais son droit. C'est ainsi que depuis 1717, aucune messe catholique n'a pu être célébrée par exemple au Tombeau de la Vierge. Si aucun groupe de pèlerins n'est inscrit, c'est à un des prêtres franciscain de prendre le relais par exemple. En plus de ces 3 ordres à demeure sur les lieux, qui se sont aménagé un peu d'intimité au milieu des murs austères, d'autres viennent y célébrer des offices tout en ayant trouvé à se loger ailleurs. C'est le cas des Coptes, des Syriaques, et des Éthiopiens, qui eux ont élu domicile sur un toit de la basilique ! Nous pouvons découvrir leur monastère en se faufilant par une petite porte dérobée, avec l'aide d'un guide un peu averti. (Merci Jean-François !) A l'époque du Christ, nous étions ici en dehors de la ville, qui commençait au souk. Le Golgotha est situé sur une ancienne carrière, déjà abandonnée à l'époque. Il était facile de découper les blocs de pierre dans la falaise, et de creuser des tombeaux dans les monticules qui subsistent. Les mauvaises veines sont abandonnées, et c'est l'une d'entre elles qu'on aperçoit justement derrière le lieu de la crucifixion. L'endroit était idéal : à la porte de la ville, en hauteur, près des lieux de sépulture, avec des fosses abandonnées pour y jeter les croix. C'est d'ailleurs à Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin que nous devons d'avoir identifié le lieu de la Passion. On raconte que lors de la découverte de la fosse avec les 3 croix, Sainte Hélène aurait posé sur chacune un bébé malade, qui aurait miraculeusement guéri sur celle du Christ. Nous y étions justement le jour de la fête de "L'invention de la croix", célébrée en grande pompe dans la chapelle Sainte Hélène : Les nombreuses petites croix gravées dans la pierre nous rappellent que ce sont les croisés qui ont bâti cette basilique, la plus importante de la chrétienté.
Pour reprendre les mots de Marie-Armelle, qui dirige la revue Terre Sainte Magazine, "le point GPS de la mort et de la résurrection du Christ, le lieu de sa victoire sur les enfers." "Regarde ! Je t'ai gravée sur les paumes de ma main. Sans cesse tes remparts sont devant moi !" Isaïe 49 (15-16) Pour fuir la foule et prendre un peu de hauteur, nous avons tenté avec Catherine et Flore une petite promenade sur les remparts de la vieille ville de Jérusalem, au départ de la porte de Jaffa. Si l'envie vous prend de nous imiter, prenez de bonnes chaussures, et n'ayez pas peur des escaliers. Sport garanti ... Il faut savoir que le tour complet des murailles est impossible car on ne peut s'approcher du Dôme du Rocher. Nous sommes donc allées vers la Porte de Damas, mais malgré quelques jolies vues sur la Mosquée Al Aqsa et de petites terrasses privatives ... nous avons surtout été frappées par la vue plongeante sur les détritus et autres chauffe-eau solaires qui ornent les toits. Sachez donc qu'il vaut mieux contourner Jérusalem par le sud. Allons, un peu de poésie que diable. Surtout après avoir lu ce passage biblique, on voit ces murailles d'un autre œil ! "La ville sainte, pourvue de fondations dont Dieu lui-même est l'architecte et le constructeur." Hébreux 11,10 La partie la plus ancienne date de la construction du Premier Temple de Salomon, un millénaire avant Jésus-Christ, et les murs les plus "récents" ont été construits vers 1535 sous l'Empire Ottoman, par ordre de Soliman le Magnifique. Semblables aux albatros de Baudelaire, nous voyons autrement la vie grouillante du souk, avec une vue imprenable sur le crénelé de la Porte de Damas : Nous étions accompagnées par 3 des 6 enfants de Cécile et Jean-François, dont Elisabeth, une copine de Pauline (qui vous fait le grand écart ...) et une artiste, Hélène Goussebayle, qui s'est amusée à promener son dernier disque intitulé "Si je t'oublie Jérusalem" sur les remparts. Nous avons bien failli y passer la nuit. Ne vous fiez pas aux tourniquets rouillés débouchant sur une grille ... fermée ! Prenez un petit moment pour étudier la carte ci-dessous. Elle résume déjà à elle seule la complexité de cette ville, démolie et rebâtie 20 fois, d'une importance primordiale pour toutes les grandes religions monothéistes.
Le fleuve est un des plus longs d'Israël, avec ses 252 Km. Prenant sa source dans le Golan, aux sources de Banias et de Dan, il se jette dans la Mer Morte, faisant office de frontière naturelle entre la Jordanie, la Cisjordanie, et Israël. Nous avons été touchés Catherine et moi par la ferveur des chrétiens de toute race et langue, venus renouveler leur baptême en s'immergeant complètement dans l'eau du Jourdain. Les chants sont mélodieux, le lieu respire le calme et la simplicité, on se mêlerait bien à la foule des pèlerins en longue robe blanche ... Même si ce n'est pas le lieu historique du baptême du Christ, d'après les importantes découvertes de ces dernières années, qui le situerait plutôt sur la rive Est du Jourdain, côté jordanien, dans un lieu appelé Al-Maghtas. Peu importe ! Ne gâchons pas leur joie ... Et est-ce vraiment si important ?
Nous apercevons sur l'autre rive un clocher, orthodoxe semble-t-il, qui veille sur les lieux ... Incroyable !!! Grâce au dévouement sans borne de Delphine et Agnès, nous avons notre sapin de Noël !!! C'est drôle comme ces détails nous semblent importants ici, où rien ne nous fait penser à Noël au dehors ... Imaginez un peu : après un aller-retour chez IKEA où les vendeurs m'ont regardée avec des yeux ronds quand je leur ai demandé s'ils avaient des sapins (c'était pourtant une charmante cliente israélienne croisée chez le coiffeur qui m'avait donné l'idée !) ces deux copines ont trouvé grâce à une autre amie de notre groupe lecture l'adresse d'une association située près de Nazareth pour rapporter 3 sapins après un trajet AR de 200 Km et 3 heures de route. J'ai fait moi aussi plus de 2 heures de trajet pour traverser Tel Aviv et aller le chercher à Jaffa. Merci les copines ! Pauline a eu la bonne idée de peindre les petites boules de notre if aux couleurs de la France avec Jeanne, notre fille adoptive les dimanches et jeudis soirs. Admirez le résultat ... Quelle joie aussi de retrouver Mathilde et Grégoire ! Même si notre Flore nous manque particulièrement ce soir. Mais nous savons qu'elle est entourée par toute la famille présente à Bovelles. Merci à eux ! Notre déballage de cadeaux a été mouvementé et plein de surprises, avec de beaux fous rires à la clé. Entre le surf caché dans le basement (sous-sol local) qui a donné l'occasion aux enfants de se faire une petite chasse au trésor comme dans leur jeunesse, et Mathilde qui nous a tous rhabillés en prévision de cet été ! Et oui, mesdames et messieurs, on devient plus facilement des super papa et des super maman quand on est loin ... ; )) Mais quel drôle d'effet de fêter Noël ici, sans "la famille, les amis" ... En bon expats que nous sommes devenus (on s'entraîne encore !) on essaie de se serrer les coudes et de se tenir chaud. Façon de parler, nous avons eu jusqu'à 27° cette semaine. Nous nous sommes donc organisé un petit Noël entre amis samedi midi, avec échange de petits cadeaux bien sympathique, et un grand Noël à 30 à Bethléem dimanche soir ! Le restaurant s'appelait La tente, et était tenu par des chrétiens. Beaucoup d'ambiance, surtout à l'arrivée du plateau de baklavas au dessert auprès de notre horde de 20 enfants ... Voici à quoi ressemble la place de la mangeoire devant l'église de la Nativité à Bethléem le 24 décembre au soir : Nous avons eu la chance de pouvoir assister à la messe de Noël dans le champ des bergers, situé à la périphérie de la ville, dans une des grottes présente sur le site. Heureusement car il pleuvait des trombes d'eau ... Ce qui n'a pas entamé la bonne humeur de notre groupe qui se réchauffait en chantant à plein poumons des cantiques de Noël. Merci à Laure et Bruno pour l'organisation sans faute ! Jamais une messe de Noël ne m'a semblée aussi recueillie. Et quelle joie de pouvoir chanter en français des chants connus et gais. J'aime beaucoup la messe en grégorien d'Abu Gosh, mais j'aime aussi beaucoup chanter ... Malgré l'heure tardive, il nous reste à vous souhaiter (encore pour une heure chez vous)
UN TRÈS JOYEUX NOEL ! Profitant de la visite de Catherine et Flore, nous sommes reparties pour un petit pèlerinage en Galilée. Nazareth, bien sûr, pour commencer, avec la basilique de la Nativité, et la petite église dédiée à Saint Joseph située juste à côté. Toute simple, elle illustre bien la place si discrète que l'humble charpentier a pris dans la vie de la sainte Famille et dans les évangiles. Trois fresques illustrent quelques moments-clés de son rôle auprès de Jésus et Marie : - le songe de Joseph - la présentation de Jésus au temple - la mort de l'humble charpentier Sous l'église a été découvert un baptistère dont les éléments symboliques nous expliquent bien le sens de la triple cérémonie du baptême judéo-chrétien : La rigole représente le Jourdain, les marches représentent les 7 ciels traversés par le Christ descendant sur la terre, les 6 carrés de mosaïque au sol évoquent les 6 anges qui accompagnent le néophyte dans sa démarche, la pierre de basalte rappelle le rocher dans le désert. Baptême de feu : avec le passage des ténèbres à la lumière. Baptême dans l'eau du Jourdain Baptême dans l'Esprit quand le nouveau baptisé reçoit l'onction du Saint Chrême. L'ensemble se compose de 3 étages : l'église en hauteur, la crypte avec le baptistère en dessous, et une grotte supposée avoir abrité l'atelier de Joseph. La présence de la grotte, que nous ne pouvons visiter malheureusement, est rappelée par une jolie mosaïque au dessus du baptistère : Le soleil se couche, impossible malheureusement d'effectuer le pèlerinage à pied jusqu'en haut du Mont Tabor, lieu de la Transfiguration. C'est pourtant un des moments forts des séjours en Terre sainte paraît-il ... Nous nous contentons de monter en voiture, mais c'est déjà toute une aventure ! La route est tellement raide (et embouteillée ...) que j'ai cru ne jamais arriver au sommet. Sans parler de la conduite rallye pour enchaîner les virages dignes du Tour de Corse ... On y trouve deux églises côte à côte, une catholique, domaine des franciscains, et une grecque orthodoxe, qui égaye le paysage avec ses dômes rose vif, toutes deux fermées malheureusement. Nous reviendrons ! Voilà mes photographes préférées ! Et leur point de vue ...
Pour Isabelle comme pour moi, qui avons suivi toutes les deux les sessions de Simone Pacot, ce petit pèlerinage revêtait un sens bien particulier. Nous avons donc pris notre temps dans ce lieu paisible, à l'écart de la foule des pèlerins qui se presse dans les ruelles du souk de Jérusalem. De l'extérieur, après avoir passé la Porte des Lions, une petite inscription attire notre regard : Et bien, voilà encore un mystère à éclaircir ! Quel peut bien être le lien entre les deux ? Nous pénétrons donc dans ce lieu, un des 4 territoires français de Terre Sainte, confié aux Pères blancs. Une superbe basilique dédiée à Sainte Anne, la mère du Christ, y jouxte les ruines de la piscine de Bethesda. Construite par les croisés en 1140 dans un style roman très pur, sur les ruines d'une église byzantine dédiée à la Vierge Marie, c'est une des mieux conservées, et renferme en son sein la crypte où la Vierge aurait vu le jour : Nativité de la Très Sainte Vierge Marie : que disent les textes ? - Selon une tradition chrétienne orientale en effet, la crypte est située sur le lieu de la maison d'Anne et Joachim, les parents de la Vierge Marie. - Selon le Protévangile de Jacques, ils sont supposés habiter près du temple et Joachim père de Marie est présenté dans un rôle de pasteur de brebis, rencontrant Anne près d’une porte de la ville. Or la Porte des Lions s'appelait "La Porte des Brebis", et la piscine accolée servait à laver les moutons avant de les sacrifier au Temple, situé tout près ... On arrive, peu à peu, à faire parler les pierres, et ce jeu de piste est passionnant ! Même si je mesure de jour en jour la profondeur de mon ignorance. Que de choses à découvrir encore, c'est certain, 3 ans n'y suffiront pas ... La piscine de Bethesda : que disent les textes ? - Selon l'Encyclopédie juive, Bethesda symbolisait la maison de la pitié, un réservoir (Gr. kolumbethra, "un bain pour nager") avec cinq porches, près de la porte du marché des moutons. On cite sa construction dans l'Ancien Testament : Néhémie (3,1) - Les anciens manuscrits de l’évangile de Jean ne s’entendent pas sur le vrai nom de cet endroit : il s’appellerait « Bezatha », ou « Bethesda », ou « Belsetha », ou encore « Bethsaïda » ... Jean (5,2) Tiens ? Cela ne vous rappelle rien ??? Souvenez-vous, la façon d'écrire les noms des rues est toujours très ... approximative ici ! - Un des textes de Qumrân (1er siècle après JC) est venu résoudre le problème de façon inattendue : on y présente une longue liste de trésors cachés à Jérusalem et ailleurs en Palestine. Une des cachettes est située dans un lieu de Jérusalem appelé Bethesda, marqué par une piscine à deux bassins de grandeurs différentes et le nom doit être traduit par « maison des deux flots, des deux bouches ». Nous avons d'ailleurs pu admirer l'ancienne citerne taillée dans le roc et qui servait à l'alimentation des bassins : - L'historien Eusèbe de Césarée (~265–~340) la surnommait "la piscine aux moutons." Sous ses cinq porches se retrouvaient habituellement un grand nombre d'infirmes qui attendaient que l'eau se trouble et qu'un miracle se produise. - À la suite de restaurations entreprises sur l'église Sainte Anne en 1888, deux grandes piscines avec cinq portiques et de nombreux fragments de l'époque romaine ont été exhumées. Une fresque située sur l'un des murs représente un ange remuant l'eau. Je me suis bien amusée à essayer de comparer les textes anciens, je vous laisse maintenant admirer les lieux en paix en méditant le récit de Jean : 1 Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. 2 Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques. 3 Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau; 4 car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau; et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie.
5 Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. 6 Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? 7 Le malade lui répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi. 8 Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. 9 Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit, et marcha. C'était un jour de sabbat. Jean 5,1 C'est un des rares lieux, avec le Néguev, où on se voit bien au pied du Christ en train de l'écouter. Encore faut-il ne pas tomber sur une période de forte affluence pour les pèlerinages, au risque de vous faire éborgner par une perche à selfie et bousculer sans ménagement. "La colline domine Tabgha et Capharnaüm. De ce belvédère, on jouit d'un panorama inoubliable sur le lac et les crêtes du plateau du Golan" nous dit le guide. Pour la petite histoire, son altitude négative (environ 25 mètres sous le niveau de la mer, près de 200 mètres au-dessus du Lac de Tibériade) en fait un des plus bas sommets émergés du monde, nous dit Wikipedia ! C'est donc ici que Jésus a prononcé son célèbre sermon sur la montagne où il détaille les Béatitudes, si chères à papa ... Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. Evangile selon Saint Matthieu 5(3-12) Comme il nous est difficile d'écouter ces paroles, nous qui vivons dans un monde où tout va si vite, où la société de consommation et la loi du plus fort nous font oublier l'essentiel. C'est certainement dans les épreuves et la découverte soudaine de notre fragilité que nous sommes le plus à même de nous laisser toucher. L'église a été construite en 1939 et confiée aux Franciscains sur ce site qui fait l'objet d'un culte depuis 1600 ans. Avec sa base octogonale et son déambulatoire à l'abri des colonnades, elle nous charme par sa couleur et son originalité, même si l'intérieur, personnellement, ne me porte pas à la prière. Les jardins surplombant le lac sont parfaitement entretenus et la vue y est superbe au coucher du soleil.
Le pape Jean-Paul II y a célébré la messe en mars 2000. Nos pas nous conduisent ensuite au nord du lac de Tibériade, où se trouve Capharnaüm. C'est par cette ville que transitaient les caravanes venant d'Asie, la fameuse route de la soie qui débouchait sur la "Via Maris", la mer Méditerranée. Les premiers disciples du Christ étaient originaires des nombreux villages de pêcheurs disséminés tout autour du lac, et Jésus fera de Capharnaüm sa ville, à la suite du mauvais accueil que Nazareth lui avait réservé. Il appelle ici le publicain Lévi, le futur apôtre Matthieu, qui siégeait au bureau des douanes, (Luc 5,27-29) et guérit le fils d'un officier royal commandant la garnison (Jean 4,46-53), deux signes de l'importance de la ville il y a 2000 ans. Il y guérit également la belle-mère de Pierre, (Matthieu 8,14-15) et sa maison devient rapidement la sienne. (Marc 1,29) Ce pays très fertile voyait pousser déjà à l'époque des céréales, des fruits et légumes, et de nombreux arbres comme les noyers, dattiers et oliviers. On peut paraît-il admirer dans le musée en plein air quelques moulins à grain, des pressoirs à olives dont les pierres de base sur le sol sont creusées de rigoles pour permettre à l'huile d'olive de s'écouler. Le village présente d'étroits logements de l'époque du Christ, formés de pièces réparties autour d'une cour, chaque bloc étant le logement d'un clan ou d'une famille. Des escaliers extérieurs montaient jusqu'aux terrasses des maisons. C'est ici que le brancard du paralytique fut monté sur la terrasse, la foule empêchant de l'amener à Jésus. (Marc 2,1-12) La maison où a vécu Jésus est identifiée de manière certaine par les nombreux graffiti, 131 au total, en 4 langues différentes. C'est également la première petite église qui accueille les disciples du Christ. Vénérée, décorée, enrichie, cette maison au sol enduit de chaux et incrustations de lampes à huile aux murs tranche sur les maisons en galets de basalte assez sommaires du reste du village. Devenue rapidement trop petite pour accueillir tous les pèlerins, elle est remplacée par une basilique octogonale au sol couvert de mosaïques au Ve siècle dont on voit encore parfaitement la forme. Aujourd'hui, la maison est surplombée d'une drôle d'église en forme de coupole, qui permet de se recueillir au dessus des ruines. On peut admirer les ruines d'une superbe synagogue en calcaire blanc, si rare dans la région, datant du Ve siècle également. Le perron qui la précède est orienté vers le sud, vers le Temple de Jérusalem où l'occupant interdit de se rendre. La grande salle est munie de banquettes pour les assistants, où Isabelle se repose à l'ombre : C'est dans l'ancienne synagogue de Capharnaüm que Jésus prononcera son discours sur le pain de vie, après avoir multiplié les pains.
Une superbe statue de Saint Pierre ouvre sur une terrasse surplombant le lac de Tibériade, et on y trouve de nombreux pèlerins "de toute race et langue" chantant leur joie de célébrer la messe dans un lieu si porteur de sens pour leur foi. Il y a vraiment des jours où on ne regrette pas d'avoir le sommeil léger. Vous pouvez me remercier, j'ai failli les mettre toutes ... Un bon petit déjeuner pour nous remettre de nos émotions artistiques, partagé avec Pierre-Yves et Marie-Claire, de la Communauté de l'Emmanuel, chargés de gérer ce lieu d'accueil pour les pèlerins. Nous en profitons pour leur demander quelques précisions sur la meilleure façon d'organiser notre journée, il y a tellement de lieux à visiter et si proches les uns des autres ... Nous commençons donc par Tabgha, lieu de la multiplication des pains. Ecoutez ce récit d'une pèlerine nommée Egérie, vers l'an 380 : « ...près du lac se trouve un champ d'herbe et de foin avec beaucoup de palmiers. Il y a sept fontaines dont l'eau coule en abondance. C'est dans ce champ que le Seigneur a nourri le peuple avec cinq pains et deux poissons. En vérité la pierre sur laquelle le Seigneur a posé le pain a été réduite en autel dont les pèlerins prennent des petits morceaux à l'avantage de leur salut. La voie publique passe le long des murs de cette église. C'est au bord de cette voie que se trouvait la barrière d'octroi de l'apôtre Matthieu. À proximité se dresse la montagne avec la grotte où le Seigneur s'est rendu pour prononcer son sermon des Béatitudes ... » C'est un lieu verdoyant et paisible, tellement loin de la tension ressentie à Jérusalem ! On comprend que le Christ y ait passé autant de temps avec ses disciples. Nous entendons parler français, Isabelle fait connaissance, un groupe de versaillais, bien entendu, accompagné par le Père Bruno Charnin, du Foyer de Charité de Poissy. Nous discutons entre voisins ! Merveilleusement accueillies par le groupe, que nous allons croiser bien souvent tout au long de la journée, nous sommes invitées à assister à la messe, célébrée au bord du lac.
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AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
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