L'AVENTURE TEL AVIV
Nous avons participé, avec Antoine et Pauline, au pique-nique de rentrée de la célèbre Ecole biblique, tenue par les Dominicains. Le Père Cabaret propose un programme de visites, toutes plus passionnantes les unes que les autres, sur la plupart des sites archéologiques et lieux saints des environs. Nous n'avons pas encore réussi à en suivre une seule, mais ce sera chose faite bientôt, avec la visite d'Hébron début février. Cette statue vous dit-elle quelque chose ? Elle commémore le premier martyre des évangiles, celui d'Etienne, qui eut lieu à cet endroit, situé aux portes de la vieille ville de Jérusalem. "D'où le nom de Couvent Saint-Étienne donné à la communauté des religieux dominicains qui anime l’École biblique. Depuis sa création, l’École mène de front, et de manière complémentaire, l’exégèse des textes bibliques et des recherches archéologiques en Israël et dans les territoires et pays adjacents. Elle a acquis une grande notoriété scientifique dans les disciplines de l’épigraphie, de la linguistique sémitique, de l’assyriologie, de l’égyptologie, mais aussi en histoire ancienne, en géographie et ethnographie." (Site de l'Ecole biblique) Nous lui devons d'innombrables découvertes et parutions, dont les plus célèbres sont La Bible de Jérusalem, et la direction des fouilles de Qumrân où furent découverts les manuscrits de la Mer morte en 1947. Ce lieu est un divin petit havre de paix et de verdure, au milieu du tumulte de la rue porte de Damas. Haut lieu d'érudition également, qui impressionne le visiteur par sa bibliothèque des plus fournies ! Nous avons appris avec surprise, que ce lieu recelait d'autres richesses encore. Je vous laisse imaginer l'engouement mêlé d'effroi qui a emporté la nuée d'enfants derrière le Père Cabaret, à la découverte d'un souterrain comportant tombeaux et ossuaires ! Cet hypogée daterait du VIIe siècle avant JC. Ce qui suit n'intéressera sans doute pas grand monde, et je m'en excuse. Mais me servira de repère pour situer historiquement les différents lieux visités dans ce pays si riche culturellement, et dont l'histoire si complexe donne un peu le tournis ... Vous imaginez bien que la conférence du Père Cabaret intitulée Résumé d'Histoire Levantine nous a surtout fait prendre conscience de notre ignorance crasse ! Je me demande comment j'ai osé enseigner l'Histoire à mes élèves ... Résumons donc : - 1 000 000 d'années : Age de pierre Trace d'hominidés dans la vallée du Jourdain et au sud du lac de Tibériade - 12 000 -8 000 av JC : Natoufien Civilisation sans doute nomade : silex, pointes de flèches, début agriculture, navigation, sépulture commune. - 8 000 - 4 300 av JC : Néolithique Premières constructions communes (Tour de Jéricho), premières céramiques, agriculture et élevage. - 4 300 - 3 200 av JC : Chalcolithique, Age du cuivre Premiers villages, poterie peinte, métal, pierre, dolmen, culte funéraire, temple ... - 3 200 - 2 050 av JC : Age du Bronze ancien Début de la civilisation cananéenne. (Meggido, Kerak, Jéricho ...) Système de cités-états (murs très épais alliant pierre et brique crue) Belles poteries, agriculture développée (vigne), commerce, métallurgie. de Jérusalem. - 2 050 - 1 550 av JC : Age du Bronze moyen -----> ABRAHAM : - 1 800 av JC Deuxième urbanisation, fortifications solides et glacis, rues droites et canalisations pour la pluie. Accès souterrain aux sources. Grandes maisons. Armes en bronze. Céramique élégante avec peu de décorations. Influence égyptienne. - 1 550 - 1 200 av JC : Age du Bronze récent -----> MOISE : - 1 250 av JC Commerce maritime développé, influences égyptienne, chypriote, mycénienne, syrienne. Poterie originale noire et rouge avec dessins géométriques et figuratifs. Temples importants, langues diverses, période troublée. Domination égyptienne qui décline vers -1 200. Au nord, empire Hittite. -----> - 1 010 - 970 av JC : Règne de David -----> -970 - 930 av JC : Règne de Salomon - 930 av JC : Division du Royaume (Israël au Nord/ Juda au sud) - 772 av JC : Chute du Royaume d'Israël - 640 - 609 av JC : Réforme de Josias Éradication du culte de Baal, destruction du veau d'or à Béthel, Josias est tué à Meggido. -----> JÉRÉMIE - SOPHONIE - 587 av JC : Nabuchodonosor prend Jérusalem, exil à Babylone Destruction du Premier Temple de Jérusalem en -586 av JC - 517 av JC : Empire Perse, édit de Cyrus, retour d'exil Quelques familles reviennent avec le trésor du Temple. Zorobabel reconstruit le Second Temple de Jérusalem. Comment voulez-vous que je m'y retrouve !
Sous l'Antiquité, entre -764 et +476, Israël sera successivement sous la domination d'empires successifs : Empire assyrien (-764/-604) Sur les 12 tribus d'Israël, 10 sont envoyées en exil Empire babylonien (-604/-539) Destruction du 1er Temple sous Nabuchodonosor Empire perse (-539 /-336) Cyrus le Grand, retour d'exil et reconstruction du Temple Empire grec (-331 /-323) Alexandre le Grand Empire séleucide (-200 /-140) Antiochus IV interdit la religion juive. Révolte des Maccabées. Empire romain (-63 /+476) Vie et mort de Jésus-Christ sous le règne de Tibère César Destruction du Temple en + 70. La population est massacrée et les survivants sont déportés à Rome en esclavage. Et les occupations se succèdent : +324/ 638 : Byzantins +638/1 099 : Umeyyades, Abbassides, Seldjoukides, Fatimides +1 099/1 291 : Royaume latin et Ayyoubides +1 291/1 516 : Mamelouks +1 516/1 917 : Ottomans + 1 920/1 948 : Britanniques Création de l'Etat d'Israël en mai 1 948.
0 Commentaires
Incroyable !!! Grâce au dévouement sans borne de Delphine et Agnès, nous avons notre sapin de Noël !!! C'est drôle comme ces détails nous semblent importants ici, où rien ne nous fait penser à Noël au dehors ... Imaginez un peu : après un aller-retour chez IKEA où les vendeurs m'ont regardée avec des yeux ronds quand je leur ai demandé s'ils avaient des sapins (c'était pourtant une charmante cliente israélienne croisée chez le coiffeur qui m'avait donné l'idée !) ces deux copines ont trouvé grâce à une autre amie de notre groupe lecture l'adresse d'une association située près de Nazareth pour rapporter 3 sapins après un trajet AR de 200 Km et 3 heures de route. J'ai fait moi aussi plus de 2 heures de trajet pour traverser Tel Aviv et aller le chercher à Jaffa. Merci les copines ! Pauline a eu la bonne idée de peindre les petites boules de notre if aux couleurs de la France avec Jeanne, notre fille adoptive les dimanches et jeudis soirs. Admirez le résultat ... Quelle joie aussi de retrouver Mathilde et Grégoire ! Même si notre Flore nous manque particulièrement ce soir. Mais nous savons qu'elle est entourée par toute la famille présente à Bovelles. Merci à eux ! Notre déballage de cadeaux a été mouvementé et plein de surprises, avec de beaux fous rires à la clé. Entre le surf caché dans le basement (sous-sol local) qui a donné l'occasion aux enfants de se faire une petite chasse au trésor comme dans leur jeunesse, et Mathilde qui nous a tous rhabillés en prévision de cet été ! Et oui, mesdames et messieurs, on devient plus facilement des super papa et des super maman quand on est loin ... ; )) Mais quel drôle d'effet de fêter Noël ici, sans "la famille, les amis" ... En bon expats que nous sommes devenus (on s'entraîne encore !) on essaie de se serrer les coudes et de se tenir chaud. Façon de parler, nous avons eu jusqu'à 27° cette semaine. Nous nous sommes donc organisé un petit Noël entre amis samedi midi, avec échange de petits cadeaux bien sympathique, et un grand Noël à 30 à Bethléem dimanche soir ! Le restaurant s'appelait La tente, et était tenu par des chrétiens. Beaucoup d'ambiance, surtout à l'arrivée du plateau de baklavas au dessert auprès de notre horde de 20 enfants ... Voici à quoi ressemble la place de la mangeoire devant l'église de la Nativité à Bethléem le 24 décembre au soir : Nous avons eu la chance de pouvoir assister à la messe de Noël dans le champ des bergers, situé à la périphérie de la ville, dans une des grottes présente sur le site. Heureusement car il pleuvait des trombes d'eau ... Ce qui n'a pas entamé la bonne humeur de notre groupe qui se réchauffait en chantant à plein poumons des cantiques de Noël. Merci à Laure et Bruno pour l'organisation sans faute ! Jamais une messe de Noël ne m'a semblée aussi recueillie. Et quelle joie de pouvoir chanter en français des chants connus et gais. J'aime beaucoup la messe en grégorien d'Abu Gosh, mais j'aime aussi beaucoup chanter ... Malgré l'heure tardive, il nous reste à vous souhaiter (encore pour une heure chez vous)
UN TRÈS JOYEUX NOEL ! Elle m'est bien sympathique, cette Marie-là ... Peut-être parce que je porte son nom ? Enfin ... Son prénom seulement. Magdala vient du mot hébreu signifiant "tour". Dans la famille, il faudrait plutôt chercher du côté de la ville basse ... Mais pas seulement. Elle est quand même considérée comme l'épouse spirituelle du Christ puisque c'était la disciple préférée de Jésus, l'apôtre des apôtres car elle a été le 1er témoin de la résurrection. Citée 12 fois dans les 4 évangiles, elle devance dans ce domaine la plupart des apôtres. Qui dit mieux ??? C'est elle encore qui achète un parfum de grand prix pour le répandre sur les pieds du Christ ... Libérée de 7 démons, elle met ensuite tous ses biens au service de la mission. Elle ne cède pas à la peur et suit le Christ jusqu'à la croix. Aimer, c'est tout donner. Elle devait en avoir du caractère ! L'histoire de ce lieu est totalement rocambolesque, mais véridique ! Les voies du Seigneur sont impénétrables ... Elle commence sagement, dans une pieuse famille juive. Le père, convaincu que c’est en descendant le mont Arbel, la modeste falaise qui surplombe le lac de Galilée, que le Messie se manifesterait à la fin des temps, achète ce terrain en 1948. Après la mort de son père, la fratrie Amitay préfère vendre ces huit hectares isolés en périphérie du village juif de Migdal, à six kilomètres au nord de la ville de Tibériade. Le terrain trouve vite preneur, car la Congrégation des Légionnaires du Christ (très controversée suite à la vie dissolue de son fondateur) souhaite justement bâtir dans les environs un centre d’accueil de pèlerins en l’honneur de Marie-Madeleine. Pieux projet. Oui, mais voilà ... A peine les premières études de terrain préalables au chantier entamées ... Ne voilà-t-il pas que sont découvertes les ruines d'une des 7 synagogues les plus anciennes de Terre Sainte, encore ornée d’impressionnantes fresques et mosaïques. Et puisqu'une bonne nouvelle ne suffit pas, les restes d'un village, celui de Magdala, que personne n'avait réussi à situer exactement. Et pour que la coupe soit pleine, la fameuse Pierre de Magdala, si énigmatique, en prime ! Pour ne pas vous embêter avec trop de détails d'exégètes, (on me dit que j'écris trop ! Mais c'est peut-être parce que je parle moins ... ; )) il s'agirait en fait d'une reproduction symbolique du temple de Jérusalem auxquels les habitants ne pouvaient accéder à l'époque. Le village s'appelait auparavant Tarichée, ce qui signifie "poissons salés" (Pline l'Ancien nous rappelle que c'était aussi le nom de la mer de Galilée, ce qui atteste de l'importance de cette ville à l'époque ...) Il faut dire qu’au Ier siècle, Magdala était un important port de pêche, fort de ses 230 bateaux, réputé pour ses conserveries de poissons d’eau douce, comme en attestent les ruines d’un vaste marché où peut se perdre le visiteur. Un système de galeries provenant de la montagne a été mis à jour. Et bien figurez-vous que l'eau y était filtrée naturellement avant d'atteindre le village. Les ruines d’une tour indiquent que Magdala gardait autrefois l’entrée sud de la plaine de Gennésareth. Lors de la récolte de la dîme, des charriots remplis d'or en partaient !
La ville a courageusement tenu un siège terrible en 67 contre l'armée romaine. Les fouilles permettent de comprendre que la synagogue même avait été démantelée pour former une muraille contre l'assaillant, mais la population entière a été massacrée. Flavius Josèphe rapporte même que l'eau du lac en était devenue rouge du sang des victimes ... Bon. Il dit aussi que la ville comptait 40 000 habitants, mais plus personne ne pouvait le contredire ! Il était sans doute un peu du midi. L'année dernière, un premier groupe scout s'est créé à Jérusalem : le Groupe Saint François-Sainte Claire. L'initiative est venue d'un couple ayant passé vingt ans à l'étranger, en charge de la sécurité de diverses ONG, telles Médecins du Monde, Médecins sans frontières, et actuellement Handicap International, et ce, toujours dans des pays en guerre. Heureux de retrouver une vie "presque" normale en Israël, Cécile a accepté la responsabilité de la Maison d'Abraham aux portes de Jérusalem, maison d'accueil pour les pèlerins français. Ce lieu magique accueille donc également les scouts de France pour leurs rencontres. Petit coup de pub, je vous invite à aller visiter leur site pour organiser votre prochain séjour ... https://www.secours-catholique.org/la-maison-dabraham-a-jerusalem Situé dans un ancien monastère bénédictin et créé à la demande du Pape Paul IV il y a 50 ans, leur mission est : - d'accueillir les pèlerins, surtout les plus démunis - d'être un lieu de rencontre de tous les acteurs œuvrant pour la justice et la paix en Terre Sainte - d'être un lieu de ressourcement et de formation La maison, située sur les hauteurs, permet surtout de jouir d'un panorama époustouflant sur la vieille ville du haut de sa terrasse panoramique. La rentrée scoute était sur le thème des 1000 et une nuits, ce qui a permis aux jeunes, ainsi qu'aux chefs, de monter dans leur unité respective ... en tapis volant ! La journée s'est terminée par une messe de rentrée face à la ville sainte, et la lecture de l'évangile prend une saveur particulière, lorsque le prêtre nous précise que cela s'est passé exactement en face de là où nous sommes, il y a 2000 ans ... Pour finir par un bon goûter partagé, et surtout bien mérité par ceux qui avaient permis au tapis volant de s'envoler !!! On ne se refait pas, j'ai mis mes adorables petites élèves au travail. Il faut bien que mes cours de français servent à quelque chose !!! Appliquons donc la méthode Freinet, qui propose aux élèves de tenir un journal :
Pénélope nous partage ses premières impressions sur cette nouvelle expérience On fait plein de jeux qui sont très amusants. La prochaine fois on va faire un camp, on va dormir à Latroun dans une tente, c'est la première fois. On va à la messe, et on prend notre pique-nique. Je me suis fait beaucoup de copines. Les fêtes de Souccoth ont permis à Pauline de bénéficier (enfin !!!) de deux jeudis de congés. Nous passons vraiment d'un extrême à l'autre ... Entre l'école franco-israélienne où les semaines normales étaient rares, et l'American school, où la rentrée est mi-août, et les premières vacances à Noël. Lors de notre visite au monastère de l'Emmanuel à Bethléem en septembre, les sœurs nous avaient invités à nous joindre à elles pour la cueillette des olives. 120 oliviers sur le terrain ... Lorsqu'elles s'y mettaient seules, elles en venaient à bout en 2 mois et demi. Depuis qu'elles font appel à des bénévoles, la cueillette se fait dans la joie et la bonne humeur en une semaine ! Même moins cette année, car la récolte malheureusement n'est pas fameuse, à cause de la sécheresse. Chacun travaille à son rythme, et choisit son rôle. Seules les olives en parfait état sont cueillies, car une seule olive abîmée risquerait de faire baisser la qualité de l'ensemble selon les sœurs. Certains, comme Antoine, se spécialisent dans la coupe des branches, d'autres, comme Pauline, encouragent ceux qui travaillent ... : )) Les derniers ramassent les branches coupées et les rassemblent en fagots, se transformant ainsi en "Ent", pour les fans de Tolkien. Une petite communauté, dispersée en Europe, s'est formée depuis une trentaine d'années afin de prier pour la paix au Proche-Orient. La cueillette des olives leur permet de se retrouver une fois par an, au pied du mur qu'ils ont vu apparaître, pour une semaine de service auprès des sœurs, ainsi qu'un temps de retraite commune. Parmi ces dames, certaines sont préposées à la cuisine et préparent pour les bénévoles un repas si copieux qu'il nous est difficile de reprendre le chemin des oliviers ... surtout que le soleil tape fort encore à cette saison !
En discutant avec mes voisins d'échelle, j'apprends que l'un deux est pasteur, et passe sa retraite à sillonner l'Afrique pour y prêcher la bonne parole. Mon voisin de gauche est bénévole en Terre Sainte depuis l'an dernier, et après de longs mois chez les Sœurs de la Charité en service auprès des handicapés, il s'est fait réquisitionner par Sœur Bénédicte pour des travaux d'entretien au Monastère. Quant à mon voisin de droite ... qu'elle n'est pas ma surprise en apprenant qu'il est bucois ! Après avoir travaillé quelques années comme ingénieur, il prend 3 mois de congé sabbatique en terre Sainte avant de tenter de créer son entreprise. Avis aux amateurs, l'an prochain ! Dépaysement assuré ... L'histoire du monastère débute en Algérie à la fin de le seconde guerre mondiale, à deux pas de celui de Tibhérine. L'entourage étant à majorité arabo-musulman, les sœurs bénédictines prient les offices en arabe. Mais à la demande du patriarche Maximos V, elles acceptent de s'installer en Terre Sainte, où la vie monastique melkite est en train de disparaître, malgré la présence d'une importante communauté. Une famille de Bethléem leur ayant fait don d'un grand terrain sur une des collines entourant celle de la grotte de la Nativité, avec un superbe panorama sur la vallée du Jourdain et les Monts du Moab, elles ont pu poser la première pierre, soutenues par leur congrégation. Au nombre de 3, les sœurs vont célébrer la 1ère liturgie orientale dans la petite chapelle en 1963. Elles sont aujourd'hui au nombre de 5, et nous avons même fait la connaissance de sœur Magdalena, une des fondatrices. La règle d'or de la communauté est le commandement de l'amour. Avec une double mission : - faire revivre au sein de l'église grecque catholique la tradition monastique - constituer un foyer d'intense prière pour l'unité des chrétiens. Au milieu des guerres et intifadas, la petite communauté souhaite accueillir chacun, pèlerins et amis de toutes confessions, le cœur grand ouvert. La chapelle est merveilleusement décorée de fresques qui la recouvrent complètement, et une iconostase sépare le chœur et le célébrant du reste de l'assemblée. Le rite byzantin m'a quelque peu déconcertée, et m'a rappelé par sa mélopée grave la liturgie de saint Jean Chrysostome, pour ceux qui connaissent. L'office se célèbre normalement dans la langue du peuple, donc ici en arabe, mais les sœurs s'adaptent à leurs visiteurs ... Vous pouvez admirer leur grand jardin, couvert d'oliviers. Et si l'envie vous prend de venir leur donner un coup de main, la récolte des olives commence le 12 octobre ! Les sœurs font maintenant appel aux âmes de bonne volonté, et tout le monde en vient à bout en 3 jours. Lorsqu'elles s'y attelaient seules, cela leur prenait près de 3 mois ... Les sœurs ont raconté qu'un beau matin, elles ont entendu du bruit, et ont aperçu les engins sur leur terrain entamer la construction du mur. Depuis, tous les vendredis, elles viennent ici dire la prière à Notre-Dame qui fait tomber les murs et récitent le chapelet, avec tous ceux qui le souhaitent. Prière à Notre Dame qui fait tomber les murs Très sainte Mère de Dieu, nous t’invoquons comme Mère de l’Eglise, Mère de tous les chrétiens souffrants. Nous te supplions, par ton ardente intercession, de faire tomber ce mur, les murs de nos coeurs, et tous les murs qui génèrent haine, violence, peur et indifférence, entre les hommes et entre les peuples. Toi qui par ton Fiat as écrasé l’antique serpent, rassemble nous et unis-nous sous ton manteau virginal, protège-nous de tout mal, et ouvre à jamais dans nos vies la porte de l’Espérance. Fais naître en nous et en ce monde, la cvilisation de l’Amour jaillie de la Croix et de la Résurrection de ton Divin Fils, Jésus-Christ, notre Sauveur, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen Mathilde et Marie-Astrid ont pu s'échapper de leurs révisions pour se promener dans Bethléem une demi-journée. Les sœurs, en bonnes petites mamans, leur ont demandé de repousser leur visite programmée un vendredi, jour de grande prière, surtout en période de Ramadan ! Le mur est couvert de tags du côté palestinien, certains d'ailleurs très connus : Les filles ont très envie de visiter la basilique de la Nativité : érigée au IVe siècle par l'empereur romain Constantin Ier, elle est bâtie sur un ensemble de grottes naturelles ou taillées dans le rocher qui, à l’époque du Christ, servaient de sous-sol aux maisons pour y abriter les animaux de la famille. Le Statu quo de 1852 partage la responsabilité de la basilique entre le patriarcat latin de Jérusalem, les grecs-orthodoxes et les arméniens orthodoxes. On peut toucher la pierre indiquant le lieu présumé de la naissance de Jésus. Avec ses 2 millions de visiteurs par an, et son entrée si étroite, difficile me dit-on de s'y recueillir. Nous ne sommes pas habitués non plus à ce décor si chargé : toute surface disponible est couverte, et la profusion de dorures, de bougies et d'icônes nous emmène loin de la simplicité de la crèche ... Les sœurs sont toutes de noir vêtues. Sœur Jeanne, que vous voyez ci-dessous, m'a accueillie en me disant qu'elle avait l'impression de me connaître; nous avons bien cherché, même si elle vient de Versailles, paroisse Notre-Dame, nous n'avons pas encore trouvé pourquoi !
On en profite, ce sont encore les vacances ... Bientôt la rentrée et nous allons retrouver nos messes du vendredi soir en anglais à Herzliya. Dimanche de Pâques, les moines et moniales invitent toute la communauté française après la messe à manger dans le jardin. La chasse à l’œuf est lancée par le Père Charles ! On va essayer de ne pas trop écraser les belles fleurs des sœurs ... Pauline se dispute avec sœur Gabrielle pour trouver son œuf, et le Père Charles remet son sachet au consul.
Puis repos dans le jardin, les sœurs bénédictines sont très bavardes finalement ... Mercredi 5 avril, Laure nous a invitées à Jaffa afin que les filles fassent connaissance. Marie-Ange venait d'arriver de France, elle est en terminale comme Mathilde, et Joséphine est en 4ème comme Pauline. Tancrède et Eugénie sont encore en primaire, et les 3 grands font leurs études supérieures en France. Jeux de société, chahuts, fous rires, l'ambiance est bonne ! Vous pouvez admirer ci dessus des photos de leur maison, avec son superbe bougainvillier, et de leur quartier. Le vieux Jaffa est plein de charme et vaut vraiment le détour mais le côté oriental est parfois un peu déroutant, avec des zones à l'abandon et donnant sur un port peu accueillant avec ses toits en tôle ondulée (même si c'est parait-il le plus vieux port du monde ...). Laure me donne des informations précieuses, des contacts pour rejoindre Israël Accueil notamment, et me propose surtout de nous joindre à eux pour les célébrations à venir. Antoine ayant eu des alertes par la sécurité de Renault nous déconseillant vivement d'approcher des territoire occupés et d'aller à Jérusalem pendant les fêtes de Pessah, nous étions bien embarrassés ... Mais à l'idée de partir avec eux en voiture, sachant que Bruno est attaché à la sécurité de l'ambassade, nous sommes beaucoup plus sereins. Entre temps, Grégoire est arrivé dans la nuit ! Impossible de le laisser dormir, et de rater ça ! Nous avons donc RV pour partir ensemble dimanche matin avec les Costantini, à 11 dans leur (grosse) voiture. Voici les murailles de Jérusalem, avec le Dôme du Rocher au loin. A notre arrivée, nous découvrons le jardin de Gethsémani. C'est un choc, nous n'étions pas préparés à découvrir d'un seul coup tant de lieux riches de sens pour notre foi, surtout aujourd'hui .... Ce petit terrain, rempli d'oliviers tourmentés, dont certains troncs font plus de 3 mètres de diamètre, est resté l'un des cadres naturels les plus proches de Jérusalem qui existait deux mille ans auparavant. Il conduit à la basilique, construite autour de la pierre où le Christ serait tombé, ressentant tristesse et angoisse. Voici la mosaïque illustrant ce passage que nous allons lire tout à l'heure. La messe des Rameaux est dite dans l'église du Pater Noster. C'est dans la crypte que Jésus aurait appris cette prière à ses disciples. On peut y lire le Notre Père dans toutes les langues : Nous ne sommes que quelques familles françaises, les catholiques en Terre Sainte ne sont qu'un tout petit troupeau ... Des familles installées à Jérusalem par choix pour leur apostolat, des religieuses, et des familles d'expatriés. Une petite trentaine au total. Les chants sont animés par la Communauté du Chemin Neuf, avec tam tam et guitare, et sont très joyeux, mêlant le français et l'anglais. Nous partageons un pique-nique et discutons avec les uns et les autres, pendant que les enfants chahutent. D'autres se dépêchent de tresser leur palme avant la procession, comme le veut la coutume. Mais cette fois, côté nombre, nous sommes ... submergés ! C'est le choc. Nous ne sommes plus du tout un petit troupeau ! Pour vous donner une idée de l'ampleur de la procession des Rameaux, veuillez admirer cette photo. Là encore, nous n'étions pas préparés à cette foule immense ... qui réunit des chrétiens locaux, arabes et israéliens, des pèlerins catholiques et protestants venus des quatre coins du monde pour l'occasion, des communautés religieuses et des expatriés comme nous. Les chants, dans toutes les langues, se mêlent aux youyous joyeux des femmes. Les franciscains dansent comme des fous, on chante plus fort que les voisins ... Quelle ambiance ! Les enfants du quartier nous encouragent et nous jettent du riz, en signe de bénédiction. Au 1er jet reçu sur la tête, je ne devais pas être très tranquille tout de même, car j'ai cru que c'étaient des petits cailloux ... ; )) La procession se fait malgré tout sous haute surveillance. A l'arrivée devant la Porte aux Lions, les soldats arrachent les nombreux drapeaux palestiniens, ce qui nous vaudra un petit stress au moment de la bousculade et un coup reçu dans la hanche par notre pauvre Pauline. Comme nous craignons que l'ambiance ne devienne tendue et les bouchons terribles, nous partons avant la bénédiction de l'évêque et les défilés scouts arabes palestiniens, très nombreux à Jérusalem. La tradition veut qu'ils défilent sur les murailles pour clôturer la journée. Ce legs date de l'occupation anglaise, ce qu'on vérifie aux tenues ! Notre pauvre Grégoire a eu du mal à profiter pleinement de cette folle journée, n'ayant pas dormi de la nuit. Mais il a réussi à ne pas s'évanouir sous le soleil écrasant au milieu de la foule et nous n'avons perdu aucun enfant, ce qui est un exploit ! Cette photo résume bien à mes yeux toute la complexité de cette ville sainte, entre vives tensions et démonstrations de foi ... Et pour ceux qui auraient envie de vivre ce moment avec nous, voici le lien vers une vidéo trouvée sur YouTube : nous sommes quelques mètres devant le cameraman ! N'ayant pas réussi à aller à la messe la semaine dernière (messe le dimanche matin à Jaffa en anglais à 9H juste avant les cours des filles à Mikvé), j'ai essayé de trouver une solution plus raisonnable pour ce "dimanche" (façon de parler). Voici les informations trouvées sur Internet : Les communautés chrétiennes en Terre Sainte sont en majorité des migrants et demandeurs d'asile. Voici donc le choix de langues qui s'offre à nous sur le site du Vicariat Saint Jacques : hébreu - russe - polonais - anglais - tagalog (il y a une importante communauté issue des Philippines) - konkani et malayalam (Inde) - geez ( Ethiopie et Erythrée) - arabe - espagnol - roumain - coréen (Je me suis renseignée pour vous ...) La seule messe proposée en français, pour la communauté africaine, a lieu tous les 15 jours. Je trouve malgré tout l'adresse d'une chapelle à Herzliya, avec une messe proposée en anglais à 19h le vendredi soir. On essaie ! Si on se casse le nez, on pourra toujours aller à Tel Aviv demain. Personne à l'horizon, aucun chant, et la clôture cache mal un vieux toit en tôle ondulée d'un certain âge. On finit par aborder un philippin qui s'apprête à entrer, mais son anglais n'est pas très au point. Le mot messe semble lui parler quand même, il nous annonce que cette chapelle est désaffectée et se propose de nous accompagner en vélo. Il nous a très gentiment fait traverser toute la ville, pour nous indiquer une chapelle cachée au fond d'un couloir sombre dans un immeuble (cf.photo ci-jointe). O surprise, le prêtre semble nous attendre à l'entrée et nous demande avec un grand sourire en anglais d'où nous venons ! C'est le seul qui ne semble pas être philippin avec nous quatre. Une autre famille "de type européen" arrive après nous, et Pauline tout à coup pique un fou rire : le garçon qui se propose pour être enfant de chœur est dans sa classe à Mikvé. Son grand frère anime la messe avec sa guitare, les chants en anglais sont très entraînants. Que du bonheur ! Gloria, qui anime la messe vient chercher Mathilde pour la procession des offrandes, nous sommes visiblement bien acceptés. Après le chant final, le prêtre nous présente comme venant de Paris, et tout le monde nous applaudit ... Puis Gloria annonce que le Père fête aujourd'hui ses 60 ans, et nous chantons tous en chœur "Happy birhday Father !".
A la sortie, nous apprenons que le Père vient de Mexico et parle espagnol, la soit-disant famille française : lui est américain et sa femme est polonaise, mais leurs enfants parlent français ... Nous allons bientôt les rencontrer pour mieux faire connaissance. Le reste de notre petite assemblée, une vingtaine au total, semble venir des Philippines. Quel accueil ! Ce matin, nous profitons d'un dimanche chômé pour essayer d'assister à une messe en français. Nous partons donc à Abu Gosh, monastère bénédictin situé sur le lieu présumé d'Emmaüs. La beauté des chants grégoriens et des fresques, couvrant les murs de la petite église romane construite par les croisés, nous font déjà du bien. Mais nous ne nous attendions pas à un accueil si chaleureux ! A notre arrivée, l'église était pleine, mais petit à petit, les groupes de touristes s'éclipsent les uns après les autres, et ... nous restons seuls avec les moines et moniales et 4 ou 5 familles seulement. A la sortie, tout le monde s'embrasse comme du bon pain et se connaît par son prénom. La tradition veut que les moines invitent tout le monde, petits et grands pour l'apéritif. On n'est pas contre ... Nous découvrons avec surprise que la presque totalité des familles fait partie de l'ambassade (celle de Tel Aviv et pour les territoires occupés située à Jérusalem). En discutant avec les frères, nous apprenons même que nous sommes ici en territoire français, puisque le terrain lui-même appartient à l'ambassade. Quelle joie de discuter avec des français, qui pour la plupart vivent ici depuis au moins 2 ans ! Nous posons toutes les questions qui nous travaillent. Petite anecdote qui fera rire Mona : Mathilde et moi discutons avec une maman très sympathique, avec des enfants en bas âge. Elle pose quelques questions à Mathilde, puis s'arrête ... et lui dit qu'elle a déjà entendu parler d'elle à Jérusalem ! Surprise ... Il se trouve que c'est la maman de Marie-Astrid, que Mathilde avait identifiée sur Facebook avant notre départ, car elle vient de créer la 1ère Compagnie de guides en Israël : la Compagnie 1ère Jérusalem. Autre anecdote : nous rencontrons un couple habitant Bethléem. Lui dirige la maternité et elle est bénévole à l'Arche située là-bas. Je leur parle de Flore qui est actuellement à l'Arche de Beauvais, et nous sommes invités à Bethléem dès que Flore viendra nous voir à Tel Aviv ! Le couple propose même à Mathilde de venir faire du bénévolat là-bas si elle le souhaite. Par contre, l'ambiance a l'air tendue : ils n'ont pas pu quitter les territoires occupés pendant 2 jours. Autre nouvelle : des sœurs se sont fait caillasser à Jérusalem car elles essayaient de pénétrer en voiture dans un quartier orthodoxe ... Nous prenons contact avec la réalité de ce pays peu à peu. Les jardins de l'abbaye sont un havre de verdure dans ces collines assez désertiques. Les frères y travaillent dur visiblement ... Nous avons pu nous recueillir devant le mémorial Aron Jean-Marie Lustiger, avec une pensée émue pour Céline, dont c'est l'anniversaire aujourd'hui. C'est un canal en miniature qui serpente à fleur de terre, dont l'eau provient de la crypte de l'abbaye. Elle symbolise la vie, la fertilité et le baptême, et rappelle que le judaïsme est à la source du christianisme. Les familles se dispersent, car les frères ont sonné la cloche indiquant qu'ils passent à table, et que nous sommes invités à regagner nos voitures. Puisque nous sommes près de Jérusalem, nous tentons une petite escapade rapide là-bas, nous en avons tellement envie ! Ce n'était pas une bonne idée ... Nous ne pouvons passer que deux heures sur place, car Antoine est attendu pour un RV de travail ce soir. Nous sommes dans la brume, la présence militaire est intimidante, et nous sommes frustrés de ne rien percevoir de ce que nous sommes venus y chercher. Il nous faut revenir dans de meilleures conditions ! Quelques photos juste pour vous donner un petit aperçu : Quelques superbes églises entraperçues malgré tout, et un bon moment passé dans le souk. On se demande parfois dans quel pays on est ... Nous ne sommes pas au bout de nos surprises !
|
AuteurLes Basvil Archives
Avril 2020
|